Interrogé jeudi dans La Matinale de la RTS, le prêtre souligne que le fait d'être sous la pression d'une loi, sans pouvoir faire de choix, provoque "du malaise et du mal-être".
Pour rappel, un abbé de la cathédrale de Fribourg, faisant l'objet d'accusations d'abus sexuels et, dans un autre cas, de harcèlement sexuel de la part d'un abbé actif, a été écarté de son ministère début février.
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"Un prêtre qui n'assume pas bien son célibat peut lui-même se sentir fragilisé dans sa manière de vivre son corps, sa sexualité, ses relations avec les autres, surtout s'il y a en plus la solitude, la difficulté dans le ministère. C'est beau d'être prêtre, ça fait 55 ans que je le vis. Mais c'est aussi difficile. Il peut y avoir une sorte de vertige, qui peut conduire à des sorties de route graves", relève Claude Ducarroz.
Le pape n'entre pas en matière
Le Fribourgeois, favorable à la levée de l'obligation du célibat, est également revenu sur la récente décision du pape François, qui n'a pas mentionné l'idée d'ordonner prêtres des hommes mariés dans les zones reculées de l'Amazonie.
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"C'est étonnant et dommage. Le pape lui-même avait parlé de la chose en son temps, évoquant cette possibilité. Il a convoqué un synode à Rome dans lequel les trois quarts des participants se sont déclarés favorables à cette évolution. Et tout à coup, à la fin du processus, il n'en parle pas, ce qui est quand même une manière de dire qu'il n'entre pas en matière sur ce sujet", regrette Claude Ducarroz.
L'ancien prévôt de la cathédrale de Fribourg estime toutefois que l'obligation du célibat chez les prêtres n'est qu'un des paramètres de la crise qui secoue l'Eglise. "Il y a aussi le cléricalisme, soit le fait qu'un prêtre, parce qu'il est prêtre, se croie au-dessus des gens, des lois, et qu'il peut faire de son autorité un pouvoir qui abuse. Le caractère sacré de sa mission peut devenir un moyen de pression, voire d'oppression."
"Oui à la prudence, non à la méfiance"
S'il ne souhaite pas s'exprimer directement sur l'affaire fribourgeoise, Claude Ducarroz souligne le fait que des scandales éclatent souvent des années après les faits. "C'est grâce aux victimes, qui ont le courage de sortir de l'anonymat. Elles osent nous ramener à la vérité, mais aussi à la responsabilité. Je souhaiterais que tout cela nous amène maintenant à la réforme. C'est notamment là que le pape aurait pu intervenir pour changer des choses sur ce terrain de l'obligation du célibat", considère-t-il.
Malgré les accusations d'abus sexuels, l'homme d'Eglise pense que tous les prêtres ne doivent pas être discrédités. "Je dis oui à la prudence, mais je suis triste qu'on doive en arriver à la méfiance. Beaucoup de prêtres ne sont pas parfaits, mais ils donnent leur vie pour les gens, pour le Christ et l'évangile. Si on établit une méfiance générale à leur égard, ça peut les faire souffrir injustement et handicaper leur ministère. C'est triste que l'on doive en arriver là."
gma