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A Fribourg, "les élèves amènent déjà presque tous un ordinateur à l'école"

L'invité de la Matinale (vidéo) - Jean-Pierre Siggen, conseiller d’Etat fribourgeois à la tête de l'instruction publique
L'invité de la Matinale (vidéo) - Jean-Pierre Siggen, conseiller d’Etat fribourgeois à la tête de l'instruction publique / La Matinale / 10 min. / le 21 février 2020
Pour le chef de l'instruction publique du canton de Fribourg Jean-Pierre Siggen, l'obligation faite aux élèves du post-obligatoire de venir aux cours avec leur propre ordinateur portable est une nécessité pour l'avenir et ouvre de nouveaux horizons aux enseignants.

Invité de La Matinale de la RTS vendredi, Jean-Pierre Siggen est venu défendre la décision du canton d'obliger les collégiens (gymnase ou lycée dans d'autres cantons) à se rendre en classe avec leur propre ordinateur portable. Quelque 1700 élèves sont concernés.

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"Ce n'est pas comme si on les obligeait à avoir un ordinateur. On constate qu'ils en ont déjà pratiquement tous un, privé, qu'ils utilisent pendant les pauses ou le soir", argue le conseiller d'Etat. "Il s'agit de permettre l'utilisation de cet ordi pendant les cours. Ce sont les enseignants qui restent à la barre et décideront s'ils veulent donner leur cours avec ou sans. C'est une corde supplémentaire à l'arc pédagogique de l'enseignant. A lui de jouer avec cette possibilité. On ne privilégie pas son utilisation."

Les enseignants restent à la barre et décideront s'ils veulent donner leur cours avec ou sans ordinateur. C'est une corde supplémentaire à leur arc pédagogique. A eux de jouer avec cette possibilité.

Jean-Pierre Siggen, conseiller d'Etat fribourgeois à la tête de l'instruction publique

Les enseignants auront le choix, les élèves non

L'élève, lui, n'a donc pas le choix? "Tout à fait. Chaque année, il faut consacrer entre 500 et 1000 francs d'achat au matériel, photocopies, taxes et autres livres. Il faudra y ajouter un ordinateur. On en aura à moins de 1000 francs. Etalé sur quatre ans, ça représente 200, 250 francs par année. Et cette somme pourrait être contrebalancée, par exemple, par l'achat de livres qu'il ne sera plus nécessaire de faire", avance le chef de l'instruction publique fribourgeoise.

Des études montrent que certains élèves passent déjà six heures par jour sur internet en dehors des cours dans les pays occidentaux. L'école ne devrait-elle pas justement résister contre cette tendance? "Il faut distinguer l'obligatoire, d'un côté, et le post-obligatoire et la formation professionnelle de l'autre, où l'on est plus proche de l'acquisition d'un métier, ou bien où l'on se prépare pour des études universitaires. Là, l'ordinateur est présent tous les jours. Pour des enfants de l'école obligatoire, la mission pédagogique serait différente", nuance Jean-Pierre Siggen.

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"La meilleure préparation pour la vie professionnelle"

Selon une autre étude de l'OCDE sur le sujet, néanmoins, les élèves qui utilisent très souvent l'ordinateur à l'école obtiennent des résultats inférieurs dans la plupart des domaines d'apprentissage. "Encore une fois, il faut savoir si cette étude porte sur l'école obligatoire ou non. Dans le post-obligatoire, il me semble qu'on observe une autre réalité. Je crois au contraire que c'est un outil qu'on doit apprendre à maîtriser. C'est la meilleure préparation qu'on puisse imaginer pour la vie professionnelle qui commence après", réfute Jean-Pierre Siggen.

Face à la numérisation, il faut être proactif, et pas simplement avoir peur de ce qui se passe

Jean-Pierre Siggen

L'élu admet entendre la fronde d'une partie des enseignants. "Je la comprends très bien. Cette inquiétude n'est d'ailleurs pas seulement celle du corps enseignant mais, de manière générale, aussi celle de savoir comment vivre avec la numérisation de notre société. Les enseignants auront le temps de suivre des formations continues pour imaginer leurs futurs cours. Face à la numérisation, il faut être proactif, et pas simplement avoir peur de ce qui se passe", estime le conseiller d'Etat.

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Il réfute néanmoins tout coup marketing visant à profiler le canton de Fribourg en précurseur pour la Suisse romande. "Cinquante collèges en Suisse allemande ont déjà introduit le portable dans les cours et les choses se déroulent sans difficulté. D'ailleurs, on sent, du côté alémanique, de nombreuses personnes en faveur de notre projet. L'association des parents d'élèves des collèges alémaniques m'a affirmé son soutien et m'a encouragé."

Niet au cycle d'orientation

Pas question, en revanche, d'équiper tous les élèves du cycle d'orientation (collège ou école secondaire dans les cantons de Vaud, Neuchâtel, Jura et Berne) d'une tablette ou d'un ordinateur portable: le gouvernement fribourgeois vient tout juste de prendre position contre une motion en ce sens. Ici, la dépense aurait été à la charge du canton et non des parents, puisqu'il s'agit de l'école obligatoire.

Propos recueillis par Julien Bangerter

Adaptation web: Vincent Cherpillod

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