Au-delà d’un simple mode de transport, le camping-car représente aussi une certaine philosophie. "Cela nous permet de partir s'il fait beau, de rester à la maison s'il ne fait pas beau, de s'arrêter si on est bien accueilli, ou de repartir si on n'est pas bien accueilli", résume Alessandro Ichino, vice-président de Camping-Car Club Suisse romande, vendredi dans La Matinale.
Ce passionné de camping-car depuis plus de 50 ans met un point d'honneur à donner une image irréprochable à ce mode de voyage. "Il suffit qu'il y en ait un qui fasse de la saleté et on dit de tous les campeurs que c’est la catastrophe", commente-t-il. Et de souligner l'importance du respect: "Notre esprit, c'est de demander au propriétaire d'un terrain s'il nous permet de camper."
Une image de pingrerie
Alessandro Ichino regrette que les communes ne mettent pas assez d’aires de stationnement à disposition. "J'imagine qu'elles pensent que leur seule source de revenus serait la taxe de séjour qu'on paierait, explique-t-il. Alors que si je m'arrête dans un village ou une ville, je vais découvrir un bon restaurant et faire des achats dans les magasins. C'est aussi ça, l’esprit du camping-cariste."
La réputation de pingrerie qui accompagne les adeptes n'est pas la seule raison qui freine les communes à créer des espaces pour les véhicules de loisirs. Le manque de place ou la crainte de nuisances jouent aussi un rôle. En outre, installer des bornes Eurorelais, c'est-à-dire des points d'approvisionnement en eau et en électricité et de vidange, demande un certain investissement.
La situation est peut-être en train de changer. Le canton du Jura a annoncé jeudi la création de nouvelles aires pour les véhicules de loisirs, pour les mois de juillet et d'août. Quatre nouveaux espaces vont voir le jour sur le territoire cantonal, soit une capacité supplémentaire de 200 places.
>> Lire aussi : Les camping-cars sont bienvenus mais seront mieux canalisés dans le Jura
Des camping-caristes bienvenus à Gruyères
Dans le canton de Fribourg, la commune de Gruyères met trois parkings à disposition. Dans cette région touristique, on voit d'un bon oeil l'arrivée de ce type de vacanciers, au vu de l'absence actuelle des groupes de touristes. "Leur mettre à disposition de l'espace, cela nous paraît important", relève Monique Durussel, vice-syndique de Gruyères, notamment en charge du tourisme et de la police.
Les trois parkings en question ne sont pas équipés de bornes Eurorelais. La volonté est de ne pas faire concurrence au camping communal qui, lui, a ces bornes. "On veut que notre camping soit privilégié dans cette démarche", insiste la vice-syndique. Contacté, le camping des Sapins indique réserver ses bornes pour ses clients, sauf en cas d'urgence.
La commune de Gruyères attend de voir si l’engouement pour les camping-cars se pérennise, avant d'installer ses propres bornes. Monique Durussel indique encore que, dans l'intervalle, La Gruyère Tourisme a créé une carte des lieux de recharge dans les environs.
Un endroit bien aménagé à Charmey
Un des lieux de recharge indiqué par l'Office du tourisme se trouve à Charmey. En plus des bornes Eurorelais, le parking de la Télécabine dispose de sanitaires et d'une petite buvette. L'endroit peut accueillir une trentaine de camping-cars.
Pour éviter le camping sauvage, la commune préfère rassembler les camping-cars à un seul endroit, proche du village. "Cela fait aussi tourner l'économie villageoise", note Bruno Clément, conseiller communal à Val-de-Charmey, en charge de l'aménagement du territoire, de l'environnement et du tourisme.
Le Charmeysan indique que le prix de base s'élève à une quinzaine de francs, sans les jetons pour les bornes et sans la taxe de séjour. Toutefois, il précise qu'"il n'est pas nécessaire de passer une nuit ici pour utiliser la borne, il suffit d’acheter un jeton."
La commune de Val-de-Charmey aimerait encore améliorer l'endroit, en installant davantage de sanitaires et en aménageant un petit coin cuisine. Mais elle ne veut pas en faire trop non plus, pour ne pas devenir un camping en soi.
Reportage radio: Delphine Gendre
Adaptation web et vidéos: Kim de Gottrau