Par manque de recul, il est encore difficile de chiffrer l'engouement mais GalloSuisse, la faîtière de la volaille, confirme qu'il y a une vraie tendance au niveau national. Crainte de pénurie alimentaire ou passe-temps pédagogique pour les enfants, de nombreux ménages ont acheté entre quatre et six poules.
Certaines familles ont été motivées par des arguments environnementaux. "Par souci d'avoir nos propres animaux, nos propres oeufs à la maison", illustre la Fribourgeoise Jenny Pasquier, mardi dans La Matinale. Et d'ajouter que c'est un plus de savoir d'où viennent les aliments qu'elle cuisine.
1500 oeufs par an
La famille gruérienne ne consomme pas tous les oeufs de ses six gallinacés: il y a quatre ou cinq oeufs frais par jour, soit quelque 1500 par année. Le papa Grégoire Pasquier explique en donner à leurs proches: "C'est toujours un cadeau qui est bienvenu." Alors qu'une poule en batterie a une durée de vie de quelques mois, chez un particulier elle peut pondre jusqu'à cinq ans.
Les volatiles demandent un certain entretien, même si Jenny Pasquier reconnaît que cela ne lui prend que quelques minutes par jour: nettoyer le poulailler, donner de l'eau fraîche, préparer la pâtée, faite de grains et de pain, et ramasser les oeufs.
Des normes à respecter
Pour détenir des poules, même à titre de loisir, il faut suivre certaines normes. Par exemple, il est interdit d’avoir un seul volatile, il en faut au moins deux. Par ailleurs, les poulaillers doivent respecter certaines dimensions.
En outre, il est obligatoire d'enregistrer ses poules auprès des autorités cantonales. En effet, les Services cantonaux de l'agriculture a besoin de savoir où se trouvent ces animaux en cas de grippe aviaire par exemple. De nombreux propriétaires omettent de déclarer leur volaille, non pas par malveillance, mais par ignorance ou négligence.
Les autorités ne font pas de contrôles réguliers mais les cas problématiques sont découverts grâce à des dénonciations. A Fribourg, la SPA a traité l'année passée entre dix et vingt cas concernant justement la volaille.
Poulailler et poules en kit
Toujours dans le canton de Fribourg, à Villaz-Saint-Pierre, l'entreprise Locapoules constate aussi un engouement pour les gallinacés. L'année est fructueuse pour la branche: les fournisseurs de poules pondeuses sont en rupture de stock.
Locapoules loue depuis cinq ans des poulaillers en kit durant la belle saison. "Dans un kit, vous allez trouver un poulailler, entre deux et quatre poules, de la nourriture, une mangeoire, un abreuvoir, et aussi des options, comme une porte automatique ou des filets", énumère Florian Gobet, le fondateur de l'entreprise.
Principe de confiance
Louer un tel kit coûte quelque 900 francs. L'installation du poulailler au début de l'été et son démontage avant l'hiver sont compris dans le prix. Cela permet aussi à Locapoules de voir dans quel environnement se trouveront les gallinacés, même si Florian Gobet insiste sur "le principe de la confiance". Ses clients sont variés, allant des familles avec des enfants en bas âge à des personnes à la retraite.
En hiver, l'entrepreneur garde une partie des poules chez lui tandis qu'une autre rejoint des élevages. Les locataires ont aussi la possibilité d'acheter le kit à la fin de la saison. "En principe, 50% des gens achètent le kit après l'avoir loué", détaille Florian Gobet.
Contactée, une cliente de Locapoules apprécie de pouvoir bénéficier des conseils d'un connaisseur. Cette maman de trois enfants qui habite à Morat avance aussi que louer des poules permet de faire un premier essai, pour voir comment s'insère cet investissement dans l'organisation familiale. La famille moratoise est satisfaite et indique qu'elle achètera le kit à la fin de l'été.
Chez Locapoules, il est également possible d'acquérir un poulailler sans passer par la location. La vente directe de poulaillers représente même les deux-tiers du chiffre d'affaires de l'entreprise.
Reportage radio: Maurice Doucas
Adaptation web et vidéo: Kim de Gottrau