"J'ai toujours eu la passion de travailler avec les gens. C'est un métier où l'on voit tout de suite ce qui fonctionne, ou ce qui ne fonctionne pas", affirme Franz Walter, qui vivait lundi ses dernières heures en tant que directeur de l’Etablissement de détention fribourgeois (EDFR).
Artisan de la réunion des différentes prisons du canton en une seule entité, le responsable souligne l'enjeu de prévention qui l'a toujours guidé dans sa mission. "La valeur ajoutée d'un système intelligent d'exécution de peines est d'éviter les crimes futurs." Dans le concret, deux axes de travail: habituer les détenus au rythme d'une journée de travail, et leur faire comprendre en quoi ce qu'ils ont fait est inacceptable.
Sécuriser et resocialiser
Si les tensions entre sécurité et resocialisation ressurgissent régulièrement - notamment lorsqu'un crime particulièrement odieux défraie la chronique, comme celui de la sociothérapeute Adeline par un détenu en 2013 à Genève - Franz Walter se montre ferme dans son cap. "On ne devrait pas choisir entre les deux. La Suisse est d'ailleurs l'un des pays les plus sûrs en matière de prévention de crimes graves", fait-il valoir. Mais le risque zéro n'existe pas, admet-il, en regrettant les attentes parfois "hystériques" du public sur la sécurité, et l'exploitation de ce thème par le politique.
Et de souligner un autre sujet qui fâche, celui de la surpopulation carcérale. S'il y a dans toute la Suisse 6900 personnes détenues actuellement pour 7300 places au total, les places libres se trouvent surtout outre-Sarine. "La Suisse romande a pris du retard dans la construction de ses prisons", affirme le responsable.
Propos recueillis par David Berger
Adaptation web: Katharina Kubicek