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Le canton de Fribourg à la merci d'une pénurie d'enseignants du primaire

Rentrée compliquée à Fribourg et en Valais qui doivent faire face à une pénurie inédite d'enseignants au niveau primaire.
Rentrée compliquée à Fribourg et en Valais qui doivent faire face à une pénurie inédite d'enseignants au niveau primaire. / 19h30 / 2 min. / le 9 septembre 2020
Cinquante équivalents plein temps, c’est le nombre d'enseignants du primaire qu’il manque aujourd’hui au canton de Fribourg. Trouver des remplaçants devient difficile. Des mesures sont mises en place pour résorber cette pénurie, que l’on retrouve à moindre échelle dans d’autres cantons romands.

Il y avait déjà les nouveaux protocoles sanitaires, la distanciation, les masques, mais pour Christophe Monnard, directeur de l’école primaire de Bossonnens, la rentrée s’est encore davantage compliquée lorsqu’il a été confronté à un arrêt de travail imprévu d’une enseignante potentiellement vulnérable au coronavirus.

Trouver un remplaçant dans la canton de Fribourg relève de la gageure. "J’ai reçu 17 postulations, mais seule une émanait d’un professeur effectivement diplômé et formé à l’enseignement… j’ai eu de la chance. Sans cette postulation, je ne sais pas ce que j’aurais fait", souligne le directeur. Une situation qui pourrait se reproduire en cas de quarantaine ou lors de la contamination d’un professeur.

Une pénurie aux causes multiples

Le canton de Fribourg traverse une grave pénurie d'enseignants du primaire. La pandémie est bien sûr un facteur, mais c’est aussi une augmentation démographique supérieure aux attentes et, surtout, une nombre élevé de retraites anticipées qui en sont la cause.

La réforme de la caisse de pension de l’Etat de Fribourg, sur laquelle le peuple votera fin novembre, a précipité le départ de nombreux enseignants. Au moins 50 équivalents plein temps sont aujourd'hui nécessaires. Mais ce chiffre pourrait doubler, voire tripler, à la rentrée prochaine.

"Le pic des départs anticipés à la retraite sera atteint l’année prochaine", analyse ainsi le conseiller d’Etat fribourgeois en charge de l’Instruction Jean-Pierre Siggen. "Au moins 600 personnes, soit 300 équivalents plein temps, pourraient potentiellement partir. On estime à un tiers le nombre de professeurs qui s’en iront effectivement. Ca fait tout de même une centaine d’équivalents plein temps… et là, on ne parlerait plus de vague de départs, mais bien d’un tsunami".

Un problème romand

Les problèmes d’effectifs des enseignants du primaire sont le lot commun de tous les cantons romands, à l’exception de celui de Neuchâtel.

En Valais aussi, et notamment dans le Haut-Valais, on est confronté depuis quelques années à une pénurie. Après avoir mis en place de nombreuses mesures, comme une augmentation du nombre de places de formation, on s’interroge sur la manière de rendre le métier plus attractif.

"Il faut valoriser et accompagner ces professeurs. On a aujourd’hui des groupes de travail qui veulent aider les enseignants à gérer les cas d’élèves difficiles. On veut que les professeurs se sentent soutenus", propose Jean-Philippe Lafont, chef du service de l’enseignement valaisan.

Fribourg prévoit également de former davantage d'enseignants, avec pour objectif de venir à bout de la pénurie d'ici trois ans.

Melchior Oberson/ther

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Mesures annoncées

La Haute école pédagogique de Fribourg (HEP FR) pourra accueillir quelque 50 étudiants francophones supplémentaires, futurs enseignants, dès la rentrée la semaine prochaine. Vingt-quatre pavillons durables et recyclables ont été inaugurés jeudi 10 septembre à cet effet.

La nouvelle structure doit permettre de faire face à la situation tendue observée sur le marché du travail du personnel enseignant primaire, notamment dans la partie francophone du canton, a indiqué l'Etat de Fribourg. (ats)