"Les discriminations ne sont pas un phénomène nouveau, mais la prise en considération de leur spécificité est récente", a relevé mercredi à Granges-Paccot (FR) le conseiller d'Etat Maurice Ropraz, en charge de la sécurité. "Il s'est agi d'instaurer un dialogue permanent avec les représentants des victimes et la prise en charge des agressions".
"C'est favoriser une société qui intègre et accepte la différence", a précisé le magistrat. Le domaine a été intégré dans la formation policière. L'absence de qualifications légales dédiées a cependant manqué pendant longtemps, même si l'injure, la menace et les voies de fait existaient déjà. Mais il fallait créer une banque de données.
Des agressions verbales
"La plateforme a donné un coup d'accélérateur pour mieux cerner la problématique", s'est réjoui Maurice Ropraz. Sur les 58 événements recensés entre début et fin 2020, douze ont concerné des discriminations et/ou des agressions contre des personnes de la communauté LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, trans et intersexes).
A 34 reprises, ces événements, qui peuvent être un tag ou un graffiti, ont débouché sur des plaintes, dont neuf en lien avec des personnes LGBTI. Un total de 39 auteurs présumés ont été dénoncés au Ministère public, dont huit pour des cas touchant ces dernières. Dans les cas LGBTI, les auteurs étaient à 63% des hommes et les victimes des femmes à 55%.
Quelque 9% des victimes émargeaient à d'autres genres, le solde étant des hommes. L'agression verbale a constitué le moyen le plus utilisé (79%), la force physique ayant prévalu dans les autres cas. Les faits sont principalement intervenus en fin de semaine, en soirée et/ou durant la nuit, dans un contexte marqué par la pandémie.
La pointe de l'iceberg
Les autres affaires ont concerné essentiellement des discriminations raciales (35 cas, 19 plaintes et 23 personnes dénoncées) et du harcèlement de rue (10 cas, 6 plaintes et 8 auteurs dénoncés). "Ce n'est là que la pointe de l'iceberg", a estimé Philippe Allain, le commandant de la Police cantonale.
Selon lui, plus il y aura d'événements rapportés, plus les réponses seront améliorées. "Quant à déterminer l'impact de la crise sanitaire sur les chiffres, il est trop pour le cerner", a noté Gonzague Bochud, président de l'association Sarigai, en rappelant que le processus est en voie d'affirmation dans tous les cantons.
Pour rappel, la Police cantonale a instauré un mécanisme de lutte contre les discriminations et le harcèlement, en coopération avec le Ministère public et deux associations. Il résulte de l'acceptation en décembre 2019 par le Grand Conseil d'un mandat demandant de créer des statistiques en matière d'agressions LGBTI+phobes.
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ats/jfe