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Huit ans de prison requis contre l'ex-caissier de Belfaux

Huit ans de prison requis contre l'ex-caissier de Belfaux (FR). [KEYSTONE - Gaetan Bally]
Huit ans de prison requis contre l’ex-boursier Belfaux à Fribourg / Le 12h30 / 1 min. / le 1 mars 2021
La procureure a requis lundi une peine de huit ans de prison contre l'ex-boursier de Belfaux (FR), accusé d'avoir détourné près de 6 millions de francs. La défense a plaidé l'abandon de l'accusation d'escroquerie par métier et une peine maximale de 54 mois

La procureure générale adjointe a demandé dans son réquisitoire à Fribourg la confiscation de ses biens immobiliers et comptes séquestrés en Suisse, en Espagne et au Brésil. Au 2e jour du procès devant le Tribunal pénal économique, Alessia Chocomeli-Lisibach a dépeint le Fribourgeois de 52 ans comme froid et dépourvu de scrupules.

En détention préventive depuis août 2019, le prévenu doit répondre d’abus de confiance, escroquerie par métier, gestion déloyale, gestion déloyale des intérêts publics, faux dans les titres et blanchiment d’argent. Le procès a débuté mardi passé avec l'audition d'un accusé comparé par la magistrate à un "petit roi tirant les ficelles dans l'ombre".

Plaidoiries de la défense

Les avocats ont pour leur part livré leurs plaidoiries. André Clerc, le défenseur de l'ex-boursier, a demandé une peine de quatre ans et demi au maximum, en excluant l'escroquerie. Il a insisté sur le "manque de sérieux des autorités communales et des réviseurs". Selon lui, son client n'aurait pas dû être seul sur le banc des accusés.

L’ex-boursier de Belfaux, commune de 3300 habitants, a répondu de manière évasive lors de la 1ère journée. "Je ne sais plus, peut-être qu’il me fallait de l’argent pour payer une facture. Je me suis dit que j’allais l’emprunter puis le rembourser plus tard", a-t-il dit pour motiver ce qui l'a poussé à commencer à puiser dans la caisse.

Et le montant a de quoi donner le tournis, à savoir les 5,85 millions qu’il a admis avoir détournés en usant d'artifices comptables entre 2005 et 2019. L'accusé faisait passer les prélèvements pour des "acomptes d’impôts paroissiaux". Il a adopté une attitude de repentance, en expliquant avoir été "pris dans une tourmente".

Montée en puissance

"J’ai essayé une fois, ça a passé. Une deuxième fois, ça a aussi passé. Alors j’ai continué, je n’ai pas su m’arrêter", a ajouté le prévenu. Ce dernier a connu une montée en puissance dès 2013. Jusqu'en 2019, il a procédé à pas moins de 205 prélèvements en espèces, présentant une moyenne de 25'000 francs (5,1 millions au total).

L'ex-boursier a affronté une première suspicion en 2017, année où il avait prélevé près d’un million et demi. Mais il a été mis hors de cause après une expertise comptable, à sa grande surprise. "Je pensais que c’était enfin le moment, que tout allait être découvert et que ça allait enfin s’arrêter", a-t-il déclaré au président du tribunal Alain Gautschi.

L'accusé s'est étonné de la facilité avec laquelle il avait réussi à convaincre son entourage, plusieurs syndics s'étant succédé, de signer à la chaîne des ordres de virement. "Ce qui les intéressait, c’est que le bouclement du budget et des comptes soit fait à temps. Mon travail quotidien, ils ne s’en préoccupaient pas."

ats/ther

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Immobilier au Brésil

Les millions détournés ont servi en particulier à investir dans l'immobilier au Brésil, le pays de son ex-épouse, a révélé l’acte d'accusation de 19 pages. Le solde est allé dans des dépenses ponctuelles, a affirmé le prévenu. ."Je suis complètement ruiné, j’ai tout perdu", a-t-il précisé.

L'ex-boursier a usé de fausses factures, d'ordres de virement frauduleux et de falsifications de la comptabilité pour justifier ses prélèvements, en créant notamment des débiteurs fictifs et en doublant les factures réelles de fournisseurs. Il a réfuté avoir mis de côté les 2,5 millions dont le Ministère public a perdu la trace.

Devant les juges, l'accusé a dit vouloir assumer l’entier de ses actes et être prêt à en payer le prix. Il a retiré son opposition au commandement de payer de 6 millions de francs envoyé par la commune. L'accusé a déposé plusieurs demandes de remise en liberté, toutes refusées en raison du risque de fuite.

Le jugement du Tribunal pénal économique du canton de Fribourg est attendu le 30 mars, selon le calendrier établi par Alain Gautschi.