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La justice fribourgeoise va juger des activistes du climat, mais sans scientifiques

La Grève du climat et Extinction rebellion à nouveau face à la justice. 32 activistes seront jugés fin mai à Fribourg
La Grève du climat et Extinction rebellion à nouveau face à la justice. 32 activistes seront jugés fin mai à Fribourg / 19h30 / 2 min. / le 4 mai 2021
Après Vaud et Genève, la justice fribourgeoise va juger dès la fin du mois 32 activistes d'Extinction Rebellion et de la Grève du climat accusés d'avoir bloqué un centre commercial en 2019. Mais elle a refusé d'entendre certains témoins, des scientifiques notamment.

Les militants, jugés pour trouble à l’ordre public, dénoncent ce changement de paradigme. "Faire l'impasse sur les experts, c'est prendre le risque de rendre un jugement biaisé", a expliqué mardi devant la presse Irène Wettstein, l'une des avocates qui défend les prévenus.

Interrogée mardi dans le 12h45, elle explique que l'acte d'accusation des activistes d'Extinction Rebellion Fribourg "ne mentionne même pas le mot climat. C'est bien là le problème: le mobile de l'acte de désobéissance civile ne figure nulle part".

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Elle a rappelé que lors du procès des activistes vaudois - condamnés en appel - pour leur partie de tennis sauvage chez Credit Suisse, une climatologue avait tout d'abord été refusée, mais que, finalement, sa déposition avait emporté la conviction de la justice lausannoise en faveur des militants.

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Les experts veulent témoigner

Des propos renforcés par le témoignage de l'ancien collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé Pascal Diethelm, qui a fait un parallèle avec ce qui se passe dans l'industrie du tabac. Pour lui, ce secteur d'activités a mis au point des méthodes de désinformation qui ont inspiré les pétroliers et les constructeurs.

En outre, Pascal Diethelm estime qu'il est primordial que les juges s'appuient sur des experts, dont les témoignages pourront atténuer ou annuler les effets de la désinformation. "Il faut avoir conscience de l'ampleur et de l'urgence du phénomène pour pouvoir dire qu'on est au courant. Pour cela, il faut avoir connaissance de chiffres", explique Martine Rebetez, climatologue et professeur à l’Université de Neuchâtel et à l’Institut fédéral de recherche sur la forêt, la neige et le paysage, au micro du 12h45.

Il faut avoir conscience de l'ampleur et de l'urgence du phénomène pour pouvoir dire qu'on est au courant. Pour cela, il faut avoir connaissance de chiffres

Martine Rebetez, climatologue et professeur à l’Université de Neuchâtel

"Faut-il répéter des heures d'audition?"

Leurs témoignages vont-ils être entendus lors du procès? Le suspense est entier. "La question qu'on doit se poser est celle-ci: chaque tribunal doit-il répéter des heures d'audition pour l'affaire dont il est saisi? Ou le tribunal peut-il se fonder sur des faits notoires? Plus il y a de la communication de la part des activistes, plus les faits sont connus et moins ils doivent à nouveau être présentés", expose Fabien Gasser, procureur général du Ministère public fribourgeois.

Si les experts ne sont pas entendus, la défense envisage certaines astuces comme l'enregistrement de témoignages de scientifiques qui pourraient être diffusés lors des plaidoiries.

>> Ecouter aussi le sujet du 12h30 :

Deux des activistes qui se retrouveront fin mai devant la justice fribourgeoise. [Keystone - Jean-Christophe Bott]Keystone - Jean-Christophe Bott
Fribourg: procès des activistes pour le climat / Le 12h30 / 1 min. / le 4 mai 2021

Sujet TV et radio: Clémence Vonlanthen/Melchior Oberson/Maurice Doucas

Adaptation web: Valentin Jordil

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Huit activistes inculpés à Zurich pour avoir bloqué l'entrée du Credit Suisse

Huit activistes de la protection du climat, dont sept Romands, sont inculpés à Zurich pour avoir bloqué l'entrée du Credit Suisse à la Paradeplatz en juillet 2019. Le Ministère public zurichois les met en accusation pour contrainte et violation de domicile. Il réclame des peines pécuniaires avec sursis.

Les inculpés, qui passeront devant le Tribunal de district de Zurich, sont six femmes et deux hommes, indique mardi le Ministère public. Une seule des huit personnes mises en accusation ne vient pas de Suisse romande. Il s'agit d'un Zurichois.

Le 8 juillet 2019, les huit prévenus ont participé à un sit-in pour bloquer l'accès au bâtiment de la grande banque, parmi des dizaines de militants présents. Ils protestaient ainsi contre les activités bancaires nuisibles pour le climat. Ils exigeaient aussi des grandes banques qu'elles cessent immédiatement de financer l'extraction du charbon, du pétrole et du gaz.