"Le Grand Fribourg constitue l'un des trois projets phares de la législature", a déclaré récemment le conseiller d'Etat Didier Castella, chargé des institutions. C'est pourquoi l'exécutif est disposé à mettre beaucoup d'efforts pour voir émerger un "centre cantonal fort", en proposant de porter l'aide cantonale à 100 millions de francs.
Le montant, qui intègre l'aide ordinaire de 23,4 millions de francs, doit aider à convaincre la population avant de fixer le périmètre définitif. Ensuite, la convention de fusion sera rédigée par l'Assemblée constitutive du Grand Fribourg, qui comprend 36 délégués des neuf communes, en vue du vote final devant les citoyens.
Les neuf communes consultées sont Fribourg, Avry, Belfaux, Corminbœuf, Givisiez, Granges-Paccot, Marly, Matran et Villars-sur-Glâne. Par ailleurs, quatre communes (Grolley, La Sonnaz, Neyruz, Pierrafortscha) ont demandé et obtenu le statut de communes observatrices de ce projet.
Favoriser les infrastructures
L'offre à 100 millions sera soumise courant 2022 au Grand Conseil, qui avait largement accepté le principe de la rallonge en février, puis au peuple. L'aide servira à développer les infrastructures et non à financer les coûts de fonctionnement, à renforcer Fribourg comme centre cantonal et à dynamiser tout le canton.
La crise du Covid-19 a retardé le projet d'un an et demi. "Mais nous voulons faire d'une difficulté une opportunité", affirme Didier Castella. Son collègue président du Conseil d'Etat Jean-François Steiert estime qu'une agglomération doit pouvoir compter davantage d'habitants pour décrocher des soutiens de la Confédération.
Jean-François Steiert fait référence à l'aménagement du territoire, à la lumière des défis posés par la croissance démographique et économique. L'idée est d'accroître l'attrait du centre, en favorisant des infrastructures et des services "qu'on ne peut multiplier", complète le grand argentier Georges Godel.
Les contributions cantonales existantes, à hauteur de dizaines de millions de francs, touchent à la formation, à la santé et à la mobilité. L'aide sera limitée aux deux premières législatures, sachant que les dernières élections communales ont eu lieu en mars. "In fine, ce sera aux communes de décider", dixit Didier Castella.
Pour les opposants, un projet qui renforce surtout la ville de Fribourg
Soutenue par une large frange du monde politique, cantonal et communal, la fusion compte aussi des opposants, pour qui le projet sert avant tout à renforcer la Ville de Fribourg. Leur fer de lance est la députée socialiste Erika Schnyder, ancienne syndique de Villars-sur-Glâne, troisième ville du canton, avec 12'000 habitants.
Le chef-lieu cantonal se sent surtout "à l’étroit dans ses murs", estime l’association "Non à la fusion du Grand Fribourg", coprésidée par Erika Schnyder et par Ian Peiry, ancien conseiller général villarois. A leurs yeux, une fusion devrait plutôt servir à constituer "un réel centre cantonal fort".
"On navigue à vue, on vend un projet sans attrait particulier", regrette Erika Schnyder, qui reconnaît toutefois à Fribourg le droit de se développer. "La taille en population ne garantit pas l'efficacité", relève Damiano Lepori, vice-syndic de Givisiez, pour qui une fusion réduite sera toujours possible en cas d'échec.
De son côté, Ian Peiry déplore la disproportion des moyens de campagne, l'association ne disposant que d'une page sur 13 dans le matériel d'information reçu par les citoyens. "Avec le projet actuel, la plupart des huit autres communes du périmètre n’y trouvent pas leur compte", constate l'association. Les opposants critiquent encore des "finances peu claires", une "représentation démocratique déséquilibrée" et une "vie locale appauvrie".
ats/ther