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Isabelle Chassot: "Il faut apprendre à maîtriser les codes du Conseil des Etats"

Isabelle Chassot invitée de La Matinale.
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Isabelle Chassot, conseillère aux Etats (Le Centre/FR) / La Matinale / 12 min. / le 28 décembre 2021
La centriste fribourgeoise Isabelle Chassot n'est pas une novice en politique, mais elle a effectué cette année ses premiers pas au Parlement, à Berne, en tant que conseillère aux Etats. Il lui a fallu se plier à des règles non écrites et apprendre en écoutant.

Isabelle Chassot a été conseillère d'Etat à Fribourg de 2002 à 2013, avant de diriger l'Office fédéral de la Culture et de dire au-revoir à la politique.

Mais en 2021, elle est de retour sur la scène publique: revenir à la "politique active" a représenté un grand virage: "C'est aussi le Covid qui a influencé ce changement. Tout d'abord parce qu'il m'a rendue consciente que l'incertitude faisait partie de nos vies, tout comme le changement. Et j'ai assez mal vécu la deuxième vague du Covid pendant laquelle les élus du Parlement se battaient les uns contre les autres pour chacun des objets. La démission de Christian Levrat fut l'élément déclencheur. Lorsque mon parti m'a sollicitée, ça a été pour moi l'objet de profondes réflexions et j'ai dit oui", raconte-t-elle.

Ce qui a manqué à cette femme de 56 ans dans la politique active sur le terrain, c'est "assumer la responsabilité des décisions que l'on prend, débattre des questions, participer au débat politique".

Le président du PLR s'est déplacé pour elle

Le 29 novembre dernier, son premier jour au Parlement, elle remarque que "c'est autre chose d'être une habitante qu'une visiteuse. Je connaissais évidemment les lieux, la plupart des parlementaires". Mais elle reconnaît "qu'être au centre des débats est bien différent", et qu'il y a "un certain nombre de règles à maîtriser" pour amener sa pierre à l'édifice.

Son placement sur l'un des 46 sièges de la salle du Conseil des Etats a été l'objet de négociations: il a fallu déplacer un élu pour lui faire une place: "J'ai vu qu'on me voulait du bien. Christian Levrat était assis de l'autre côté de l'hémicycle et mon groupe a souhaité que je sois assise en son sein". Pour ce faire, ce n'est pas moins que le président du Parti libéral-radical Thierry Burkhart, conseiller aux Etats argovien, qui s'est déplacé.

Silence imposé pendant la première session

Lorsque l'on entre au Conseil des Etats, il faut également se plier à des code non écrits pour maintenir un certain esprit dans la Chambre haute: "Par rapport au Conseil national, c'est le lieu où chaque parlementaire peut prendre la parole pour chacun des débats: il n'y a pas de limitation du temps de parole, ni de règle concernant un nombre de fois où l'on prend la parole", explique Isabelle Chassot.

Toutefois, il faut savoir comment prendre la parole: "Il faut apprendre et écouter et la première règle non écrite que j'ai dû respecter – et ça n'a pas été tout à fait simple – c'est de ne pas prendre la parole pendant la première session. Vous êtes en quelque sorte en apprentissage". Une fois passée la frustration face à une règle jugée un peu archaïque, la nouvelle sénatrice y a trouvé du bon: "J'ai appris à écouter mes collègues, à me rendre compte à quel moment il est utile de prendre la parole pour défendre ses idées".

Elle a également appris que le silence peut être d'or: "Il faut parfois éviter de prendre la parole une seconde fois – au Conseil des Etats, on n'aime pas les débats trop longs – de dire la même chose qu'un collègue, ou prendre la parole lorsque votre collègue du même canton l'a déjà prise".

Un climat et une ambiance propre au Conseil des Etats: "Il faut en maîtriser les codes. Après une session, je ne les ai pas encore tous, mais je crois avoir compris les plus importants".

Interview radio: Karine Vasarino

Version web: Stéphanie Jaquet

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