L'Hôpital fribourgeois paie près de 2,2 millions de francs d'intérêts annuels à l'Etat
Les chiffres de l'Hôpital fribourgeois sont dans le rouge vif et le déficit est chronique. Des propositions ont même été faites récemment pour tailler dans les effectifs afin d'enjoliver le budget de l'année en cours.
Afin de tenir le choc, l'HFR puise depuis une décennie dans un compte courant mis à disposition par le canton. Ces prélèvements sont toutefois passés de 12 millions en 2015 à 127 millions au 31 décembre 2021.
Cela représente un véritable gouffre financier, d'autant plus que cet argent n'est pas gratuit: il est facturé à 1% d'intérêts annuels jusqu'à 100 millions et à 3% au-delà. Cette ponction rend perplexe le président du PLR fribourgeois, Sébastien Dorthe.
"Il s'agit déjà de savoir où on en est avec ce compte courant, quel montant est dû. Il faudra peut-être discuter pour annuler purement et simplement ces intérêts", explique-t-il dans La Matinale.
Avis partagé par tous les partis
Cet avis est partagé par toute la classe politique fribourgeoise. Nicolas Kolly, chef du groupe UDC au Parlement fribourgeois, estime aussi qu'il faut abolir le service de la dette payé par l'HFR.
"S'agissant de cet intérêt, j'espère qu'il a été mis en place non pas pour faire du bénéfice sur le dos d'un HFR déjà en difficulté, mais bien pour décourager de faire usage de cette possibilité à longue échéance. Mais il est clair qu'on ne peut pas continuer comme ça. Cet intérêt doit être abandonné pour les années à venir", préconise-t-il.
La présidente du Parti socialiste fribourgeois Alizée Rey estime également qu'il est aberrant de demander à l'HFR de payer des intérêts à l'Etat: "Je suis extrêmement choquée, c'est tout simplement inacceptable que l'Etat s'enrichisse sur le dos de l'hôpital. Il faut donc aller de l'avant et supprimer ce taux qui est aberrant."
"Ça ne fait aucun sens"
Le secrétaire régional du syndicat SSP Gaétan Zurkinden est du même avis: "On marche sur la tête. Tout d'abord parce que ce sont des intérêts extrêmement élevés. Deuxièmement, ça ne fait qu'aggraver la situation financière de l'HFR. Un intérêt payé par un établissement public à l'Etat, c'est l'argent du contribuable qui retourne à l'Etat, ça ne fait aucun sens."
Contacté par la RTS, le conseil d'administration de l'Hôpital fribourgeois n'a pas souhaité s'exprimer. Il explique ne pas vouloir compromettre les négociations en cours avec les autorités.
Fabrice Gaudiano/asch