Le décor a été planté d'entrée de jeu avec les mots forts de l’avocate des quatre requérants qui s’estiment victimes d’abus d’autorité et de violences. Elle a accusé le parquet fribourgeois de légèreté et même de mépris face à des faits qu’on peut assimiler à de la "la violence d'Etat".
Le procureur général n’était pas présent pour répliquer, et cette absence a été critiquée également par la défense des agents de sécurité Protectas et Securitas impliqués dans une série d’affrontements. Chaque partie s’accuse mutuellement, mais pour les agents les faits sont suffisamment clairs pour être jugés. leurs défenseurs dénoncent une politisation du procès.
Le président du tribunal doit maintenant se pencher sur les nouveaux actes d’instruction demandés du côté des requérants. Un seul était présent, les autres ont été renvoyés de Suisse. Ils sont difficilement joignables, mais il faudra les reconvoquer.
Plusieurs incidents ont eu lieu en mai 2020, en plein semi-confinement, au centre fédéral d'asile de la Gouglera. Quatre requérants d'asile et trois agents de sécurité ont déposé plainte. Au total, quatorze protagonistes sont impliqués.
Instructions et formation respectées?
Pour Jean-Luc Maradan, l'un des avocats des agents de sécurité, ses clients ont agi selon les instructions et la formation qui leur a été donnée.
"S'il y a un problème avec un requérant qui commence à être une menace pour la population du centre, l'instruction est de le mener à l'extérieur et de lui dire de revenir quand il sera calmé", a-t-il expliqué lundi dans La Matinale de la RTS. "L'essentiel des cas qui nous occupent se situent à peu près à ce niveau-là: c'est de savoir si c'était justifié que l'on sorte la personne ou pas".
Mais à partir de quand le réfugié est-il une menace? Et quelle est la force adéquate pour le porter hors du centre? Ces questions seront au coeur du procès. Et pour la secrétaire générale de Solidarité sans frontières Sophie Guignard, qui a accompagné les requérants dans leur plainte, c'est le système d'accueil lui-même qui génère ces violences.
Repenser l'accueil des requérants?
"Il faut radicalement repenser l'accueil des personnes qui viennent en Suisse pour demander l'asile", estime-t-elle. "Il faut se rendre compte que ce ne sont pas des personnes dangereuses, mais plutôt des personnes qui fuient des dangers. Ce sont des êtres humains qui ont besoin de protection et qui doivent être accueillis comme tels, pas comme de dangereux criminels (…) La violence est créée par le système".
Ludovic Rocchi/Muriel Ballaman/oang