"Il s'agira de valoriser ce trésor dans le nouvel espace liturgique après restauration", a fait savoir mercredi sur place la Fondation d'Hauterive. Les travaux, initiés il y a douze mois, donnent l'opportunité de mettre à jour les 800 ans d'histoire de l'église Sainte-Marie d'Hauterive, non loin de Fribourg.
Les stalles, le lieu où les moines cisterciens prient et chantent en grégorien, est pour l'heure au coeur de l'attention. Lors de leur démontage, les experts ont découvert la présence de décors peints de l'époque Renaissance, jusqu'ici cachés par des éléments néoclassiques.
Aucun autre exemple n'est connu en Suisse et en Europe. Les analyses montrent que le mobilier monumental travaillé dans le chêne a accueilli les prières et chants des moines un demi-millénaire durant. Le soubassement est affaibli en revanche par la pourriture sèche, ce qui rend la restauration d'autant plus nécessaire.
Trésor à valoriser
Les découvertes sont riches d'enseignements pour la création du nouvel espace liturgique, qui verra le jour à l'issue des travaux de restauration. Des discussions sont en cours pour obtenir un consensus général sur l'espace, qui fait le lien entre les stalles et la nef, mais aussi entre la communauté des moines et les fidèles.
L'enjeu sera de valoriser le trésor Renaissance découvert sur les stalles, qui leur confère un caractère "léger et particulier". "S'il est trop tôt pour dévoiler un projet concret, on peut d'ores et déjà affirmer que l'objectif est d'enrichir l'espace liturgique", ont indiqué les intervenants.
Remonter le temps
Les analyses permettent d'accroître les connaissances encore lacunaires sur l'histoire de l'église Sainte-Marie, qui a traversé toutes les époques de l'histoire de l'art, du roman au moderne. Lors de la dernière restauration, au tournant du 20e siècle, les spécialistes avaient choisi de montrer l'aperçu le plus complet des décors peints à travers les époques.
Tous les styles se côtoient sur les murs de l'église. Le choix opéré il y a un siècle conditionne la restauration en cours: l'idée est de réaliser un nettoyage des murs et de retoucher ponctuellement les décors. Sainte-Marie continuera d'être une église à remonter le temps, précise le communiqué.
Squelettes mis au jour
Le Service archéologique de l'Etat de Fribourg a procédé pour sa part à des fouilles là où les travaux de restauration nécessitaient d'ouvrir le sol de l'église. Sans surprise, les restes de plusieurs défunts inhumés ont été trouvés sous les dalles funéraires, parfois avec des textiles ou des objets.
Les ossements sont en cours d'analyse, mais le manque de sources historiques écrites ne permettra pas d'identifier la plupart des individus. Après analyse, les restes seront réinhumés.
Pour rappel, la restauration de l'église Sainte-Marie est budgétée à 9 millions de francs. Le chantier est particulier. Il touche en effet un édifice niché dans un cadre naturel préservé et utilisé par une communauté religieuse en exercice.
En plus des stalles et des décors peints, les artisans fribourgeois ont restauré les façades extérieures de l'église et son clocher en tavillon durant les derniers mois. La prochaine étape concernera les vitraux, pour laquelle une commission spécialisée doit être mise sur pied.
ats/jfe