"Je sais que le canton de Fribourg est déjà en train de préparer les demandes pour que l'engagement de l'armée soit prolongé", a confirmé mercredi à Broc lors d'une conférence de presse Mathias Tüscher, commandant de la division territoriale 1. En plus de Fribourg, cette dernière comprend les cantons de Berne, de Genève, du Jura, de Neuchâtel, de Vaud et du Valais.
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Trois hélicoptères Super Puma sont engagés chaque jour pour amener l'eau à des alpages inatteignables par la route depuis le lac de Montsalvens. C'est la première fois que l'armée va puiser dans ce lac plutôt que dans celui de la Gruyère.
"Ce choix se justifie principalement par la proximité de ce point d'eau avec notre engagement, ce qui permet de réduire les temps et les impacts de nos vols. Nous voulons aussi éviter de perturber le tourisme sur le lac de la Gruyère", explique Mathias Tüscher.
Une situation inédite
Cette aide de l'armée fait partie des mesures prises par le canton de Fribourg pour lutter contre la sécheresse persistante qui touche la Suisse depuis plusieurs semaines. "Nous sommes dans une situation qui n'a jamais été aussi extrême. Certains alpages ont dû demander de l'aide cette année alors qu''ils n'avaient jamais connu de problèmes d'eau auparavant", relève le directeur de la Chambre fribourgeoise d’agriculture Frédéric Ménétrey.
Pour lui, l'absence de pluie et le fait que le phénomène perdure représente le plus grand danger pour les alpages touchés. "Si la pluie n'arrive pas bientôt, nous serons confrontés à une désalpe précoce", lâche le directeur de la Chambre fribourgeoise d'agriculture.
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Dans les alpages, les principaux concernés ne tombent pas encore dans l'alarmisme. Fromager à l'alpage de Tissiniva (1632 mètres) dans la commune de Charmey, Jacques Ruffieux est directement concerné par cette possible pénurie d'eau. "Après les faibles pluies de la semaine passée, j'ai décidé de demander de l'aide lundi". Avec l'appui de l'armée, ce fromager estime qu'il pourra tenir une semaine sans pluie.
L'aide civile ne suffit plus
C'est la quatrième fois, après 2003, 2015 et 2018, que l'armée vient prêter main-forte au canton de Fribourg pour ravitailler certains alpages. "L'armée ne peut intervenir que lorsque les moyens civils ne sont plus en capacité de remplir ce genre de mission", explique Mathias Tüscher, qui précise également qu'elle ne veut pas entrer en concurrence avec les entreprises privées.
L'apport des hélicoptères Super Puma se ressent également sur le terrain. Ils sont beaucoup plus efficaces en termes de transports que leurs pendants civils. "Lors de chaque rotation, les Super Pumas peuvent amener aux alpages une tonne et demie d'eau, soit trois à cinq fois plus qu'un hélicoptère civil", détaille Mathias Tuscher.
Cet engagement de l'armée met également à rude épreuve les organismes des pilotes. La vingtaine de pilotes engagés depuis le début de l'opération passent en effet environ huit d'heures dans un appareil surchauffé par des températures élevées, ce qui implique une bonne préparation physique.
Cette mission de ravitaillement demande également une préparation technique différente. "Ce sont des rotations relativement courtes, qui impliquent un faible temps de repos entre prise d'eau et la dépose de celle-ci. De plus, ce sont des vols à pleine charge, donc nous sommes toujours à la limite de la puissance de la machine", explique Mathieu Seydoux, représentant des forces aériennes.
ats/iar