A Fribourg, environ 2% des élèves, soit près d'un millier de jeunes, bénéficient de mesures renforcées en milieu scolaire ordinaire. Le plus souvent, les diagnostics sont le trouble du comportement, de l'attention ou du langage. Une situation qui inquiète plusieurs politiciens.
Lundi, le gouvernement fribourgeois a répondu publiquement à la question d'un député: non, il n'y a pas de chasse au diagnostic. Il se défend d'avoir la volonté de faire des diagnostics systématiques.
Une réponse qui ne convainc pas Eric Collomb, député fribourgeois du Centre. Mardi, dans La Matinale, il a estimé qu'il ne faut pas confondre une vraie maladie avec les difficultés scolaires.
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Plus de cas, à cause de l'évolution des connaissances
"On a l'impression qu'un petit trouble est très vite diagnostiqué et qu'il nécessite un traitement," explique le politicien. "Selon moi, il y a de plus en plus d'élèves qui ont besoin de l'aide de spécialistes."
De son côté, le gouvernement fribourgeois dit ne pas tenir compte de l'évolution du nombre de cas. Leur comptabilisation dans le temps n'est pas pertinente, précise-t-il dans sa réponse au député. D'autant que tous les diagnostics ne passent pas forcément par l'école.
Aujourd'hui, si ces troubles sont davantage mis en avant, continue le Conseil d'Etat, c'est notamment dû à l'état des connaissances scientifiques: ils sont plus souvent repérés, sans qu'ils soient forcément plus nombreux.
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La qualité de l'enseignement en question
Pour les enseignants et enseignantes, la mise en place d'une école à la carte pourrait nuire à la qualité de l'enseignement. "Le nombre de cas dans les classes peut commencer à poser des problèmes de gestion aux enseignants. (...) S'il faut vraiment faire une école à la carte pour un grand nombre d'élèves en classe, cela devient très difficile à gérer", dénonce David Rey, président du Syndicat des enseignants romands.
Les méthodes pédagogiques ne sont pas remises en question, c'est l'effort demandé aux enseignants qui est problématique pour le syndicaliste: "Pour atteindre les objectifs avec tous les élèves, l'énergie est décuplée (...). Le niveau est encore assez bon, mais si la tendance se poursuit, à l'avenir on peut imaginer des résultats moins bons".
Une société en quête de troubles
"Il y a peut-être une forme de précipitation de la part des parents, dès que leurs enfants rencontrent une difficulté à l'école, ils sont tentés de chercher un trouble," analyse Anne-France Tille, psychologue et spécialiste des personnes à haut potentiel à Lausanne.
Pour la psychologue, les parents ont souvent de la peine à donner du temps aux enfants pour s'adapter. Notre société est en quête de troubles: "Les enseignants ont plus de difficultés à accepter les différences. On est dans une société où j'ai l'impression que l'on veut mettre tout le monde dans le même moule au lieu d'apprendre à vivre avec les différences".
Reste que pour cette professionnelle, il est important de pouvoir diagnostiquer ces différents troubles: "Cela va changer le regard que l'on va poser sur l'enfant et on va pouvoir lui apporter les aides dont il a besoin".
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Sujet radio: Muriel Ballaman
Adapatation web: Miroslav Mares