Le juge de police de la Sarine avait infligé à 30 activistes des peines pécuniaires allant jusqu’à 400 francs pour avoir bloqué l’une des entrées du centre commercial, afin de gêner le bon déroulement des soldes et dénoncer la surconsommation.
Pour la majorité, la procédure s'est déroulée par écrit. Mais sept militants âgés de 22 à 32 ans, que le juge avait reconnu coupables de contrainte, car ils avaient physiquement empêché les clients d’accéder au centre commercial en s’enchaînant à des caddies, se sont présentés lundi devant la Cour d’appel pénal du Tribunal cantonal (TC) à Granges-Paccot
Assistés en appel de six avocats fribourgeois, lausannois et genevois, les activistes ont obtenu gain de cause. Les trois juges de la Cour d'appel pénal du Tribunal cantonal fribourgeois ont d’abord acquitté I‘ensemble des prévenus du chef de prévention de contravention à la loi sur le domaine public.
Contribuer au débat
La cour a considéré que la simple absence d'autorisation de manifester, et de faire ainsi un usage accru du domaine public, ne pouvait justifier une condamnation pénale lorsque I'acte de défiler, en silence ou en scandant des slogans, cherche à contribuer au débat de société relatif au changement climatique.
En cela, la Cour d'appel pénal s'est référée à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) en lien avec la liberté d'expression.
Pour les manifestants qui ne se sont pas limités à défiler, à scander des slogans ou à brandir des pancartes, mais se sont installés devant l'entrée principale du centre de façon à en entraver l'accès, mais sans violence et sans causer de dommage, les juges ont considéré que leur action pouvait aussi bénéficier de la protection privilégiée offerte par la CEDH.
Pas d'infraction de contrainte
En ce qui concerne enfin les sept manifestants qui avaient été condamnés par le juge de police pour contrainte pour s'être enchaînés à des caddies et avoir de la sorte fait un barrage symbolique de l'entrée principale de Fribourg Centre, la Cour d'appel pénal n'a pas retenu l'infraction de contrainte à leur charge.
En effet, dans la mesure où leur action a été structurée de telle manière que les autres entrées et sorties du centre commercial restent accessibles moyennant un détour, l'intensité nécessaire pour conclure à un acte de contrainte au sens du Code pénal n'était pas donnée.
Ces sept manifestants écopent néanmoins d’une amende de 150 francs. Dans un communiqué publié mercredi, dans la foulée de l'arrêt du TC, les mouvements Extinction Rebellion et Grève du climat n'ont pas manqué de faire part de leur grande satisfaction.
ats/cab