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Pas de suite pénale pour Damien Piller dans l'affaire Migros Neuchâtel-Fribourg

Dans le litige qui oppose le promoteur Damien Piller à Migros-Fribourg, le Ministère public fribourgeois classe l’affaire
Dans le litige qui oppose le promoteur Damien Piller à Migros-Fribourg, le Ministère public fribourgeois classe l’affaire / 19h30 / 2 min. / le 10 janvier 2023
Le Ministère public fribourgeois classe la procédure pénale contre Damien Piller et une ancienne directrice de Migros Neuchâtel-Fribourg (MNF). L'affaire, qui concerne la construction de deux magasins, remonte à 2019 et aux dénonciations déposées par le géant orange.

"L'affaire revêt un caractère exclusivement civil", a indiqué mardi le Ministère public (MP). Contacté par Keystone-ATS, le procureur général Fabien Gasser a évoqué une affaire qui a impliqué du temps, certes, mais qui s'est révélée relativement simple. "Personne n'avait rien à cacher et les auditions ont été productives."

S'exprimant mardi dans le 19h30 de la RTS, Damien Piller savoure cette victoire devant la justice. "Cela confirme ce que j'ai toujours dit: tout a été fait de manière parfaitement régulière", déclare-t-il. "Je relève aussi que l'enquête a duré presque trois ans. Dans cette mesure-là, elle a été faite de manière extrêmement minutieuse", ajoute l'homme d'affaires.

Longues investigations

Il a fallu analyser les expertises de Migros et du promoteur Damien Piller, ainsi que chercher des documents. La police a ensuite accompli ses propres investigations. L'ouverture de la procédure pénale est survenue en octobre 2019, mais n'a été divulguée qu'il y a un an, en raison de la discrétion nécessitée par les écoutes téléphoniques.

D'après le procureur général, pour reprocher à Damien Piller une gestion déloyale, il aurait fallu que l'homme d'affaires "bénéficie à tout le moins de la complicité de la directrice, dans la mesure où il n'était pas habilité, en tant que président de l'administration, à engager la coopérative MNF sur les conventions litigieuses".

Contrôles "superficiels"

"C'est la direction qui a signé les différents contrats et autorisé les versements contestés", détaille le Ministère public fribourgeois dans son communiqué. "Or, l'instruction n'a pas permis de mettre en évidence l'implication illicite de la directrice, voire d'un autre membre influent de la direction."

L'instruction a établi que "les conventions litigieuses, préparées certes par Damien Piller, avaient été soumises sous forme de projet à plusieurs membres de la direction de MNF et n'avaient fait l'objet d'aucune remarque". Il s'est avéré au final que peu de contrôles avaient été effectués, et "superficiellement".

Pour classer l'affaire, le Ministère public a considéré que "Damien Piller ne disposait pas d'un pouvoir de gestion autonome permettant de retenir la gestion déloyale, qu'il n'avait pas instigué l'ex-directrice à agir de manière frauduleuse et qu'il n'y avait eu aucun édifice de mensonges astucieux permettant d'envisager l'escroquerie".

C'est pourquoi Fabien Gasser laisse finalement "le soin aux tribunaux civils de déterminer si les conventions ont été au seul avantage de Damien Piller ou si elles ont eu une contrepartie pour Migros".

Deux chantiers

Les dénonciations, déposées en juillet 2019 par la Fédération des coopératives Migros et MNF, étaient fondées sur d'importants travaux d'analyse préalables confiés à une étude d'avocats et une entreprise d'audit. Elles se référaient à deux chantiers concernant des succursales dont Migros est locataire, à Belfaux et à La Roche (FR).

Le premier était conduit par Anura, société en mains de Damien Piller, et le second par Constructor, entreprise cédée à Damien Piller quelques mois après la fin des travaux. Migros a conclu une convention avec chacune des entités, laquelle l'obligeait à verser aux cocontractants un montant de 800'000 francs, plus TVA à 8%.

Le montant était à verser à titre de "participation à la réalisation des différentes infrastructures qui doivent être construites pour accueillir Migros".

Les sociétés cocontractantes s'engageaient pour leur part à respecter "rigoureusement" le descriptif technique qui définit l'état dans lequel les locaux doivent être mis à la disposition de Migros et à prendre à leur charge les travaux mentionnés sous "travaux à charge du bailleur". Les bailleurs étaient des sociétés tierces.

Recours possible

Pour mémoire, la procédure pénale a été ouverte contre l'homme d'affaires (immobilier et médias) et l'ex-directrice pour gestion déloyale aggravée, subsidiairement escroquerie, au vu du "caractère a priori insolite des conventions". Des mandats de perquisition et de dépôt bancaire ont été délivrés par le Ministère public.

La police a procédé à des auditions et analysé les comptabilités saisies et les mouvements bancaires. L'ancienne directrice a été placée sur écoute téléphonique. Un rapport de dénonciation a été déposé en avril 2021. Le MP a procédé à ses auditions entre les 7 juillet 2021 et 16 août 2022.

L'ordonnance de classement rendue lundi à l'encontre de Damien Piller et l'ex-directrice de la coopérative MNF, dont le siège se trouve à Marin (NE), n'est pas définitive. Elle peut faire l'objet d'un recours auprès de la Chambre pénale du Tribunal cantonal. "Je réaffirme que je n'ai rien à me reprocher. J'attends donc sereinement les choses", indique Damien Piller dans le 19h30 à propos d'une possible suite de l'affaire.

Migros Neuchâtel-Fribourg dit avoir pris connaissance du classement. La coopérative régionale va maintenant analyser la décision.

ats/ther

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L'affaire du vote de novembre 2019 encore en traitement par la justice neuchâteloise

Le vote annulé de novembre 2019 organisé auprès des coopérateurs de Migros Neuchâtel-Fribourg (MNF) sur le maintien ou non de Damien Piller à la présidence de l'entité reste dans les mains de la justice neuchâteloise. Le dossier est séparé de celui traité à Fribourg.

Le dossier concerne la votation organisée auprès des 120'000 coopérateurs de MNF il y a plus de trois ans. Ces derniers étaient appelés à voter ou non la révocation du promoteur fribourgeois. A la surprise générale, 64,5% des votants avaient renouvelé leur confiance à Damien Piller.

Mais il était rapidement apparu que les urnes avaient été bourrées de bulletins falsifiés. Au final, le vrai résultat était largement en défaveur de l'homme d'affaires. Depuis, Damien Piller a quitté la présidence de l'administration de MNF à fin juin 2020, remplacé par l'ex-conseiller d'Etat et vigneron neuchâtelois Thierry Grosjean.