Le Tiguelet à Belfaux est une rivière victime de pollutions à répétition, mais ce n'est pas la seule au vu de la mauvaise série qui est en cours en 2023 dans le canton.
Un ruisseau à Grolley, un autre à Lentigny, mais aussi des cours d'eau à Estavayer-le-Lac, La Joux ou Ried bei Kerzers, la série noire des rivières souillées semble ne jamais se terminer depuis deux mois.
Les causes sont multiples: les fongicides, les vidanges de piscines, les pesticides ou des rejets d'hydrocarbures après des accidents de voiture. Et ce qui est déversé dans les grilles d'égout finit souvent directement dans le cours d'eau en contrebas.
Un écosystème mis en danger
Ces cas confirment une tendance déjà déplorée l'année dernière: sur toute l'année 2022, 54 interventions ont été nécessaires dans le canton pour décontaminer des cours d’eau. Fribourg n’est d'ailleurs pas un cas particulier en Suisse romande.
Avec ces pollutions, l’écosystème des rivières est mis à rude épreuve. "Nous avons régulièrement des cas de pollutions avec des morts de poissons ou une détérioration du milieu, que ce soit la végétation aquatique ou les macrovertébrés, dont se nourrissent les poissons", déplore Eric Mennel, chef de la section protection des eaux au Canton de Fribourg, dimanche dans le 19h30.
Et le spécialiste d'ajouter que ces pollutions peuvent conduire à un appauvrissement des cours d'eau durant plusieurs mois.
Durcir les sanctions pénales?
Ces pollutions à répétition plongent aussi ceux qui connaissent bien les rivières dans un certain désarroi. "On ne peut plus continuer comme cela, c'est bien que cela revienne à la surface, parce que ça dure depuis plusieurs années", regrette Bernard Jaquet, président de la Fédération fribourgeoise des sociétés de pêche. Pour lui, il est bon que la population se rende compte que cette problématique perdure depuis longtemps.
Bernard Jaquet souhaite aussi que des solutions soient trouvées rapidement. L'une d'elle pourrait être un durcissement des sanctions pénales. Simon Zurich, député socialiste au Grand Conseil, confie par exemple ne pas comprendre le fait qu'un pisciniste professionnel n'ait écopé "que de 500 francs d'amende pour une pollution qui a tué de nombreux poissons et pollué un cours d'eau, alors qu'il aurait pu prendre des mesures assez simples pour l'éviter".
Le gouvernement fribourgeois a été saisi du problème et il devrait se prononcer à ce sujet d’ici à deux mois.
Maurice Doucas/boi