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Tensions à Fribourg entre salons et hôtels qui ouvrent leurs chambres à la prostitution

À Fribourg, les salons de prostitution livrent bataille aux hôteliers qui ouvrent aussi leurs chambres aux prostituées
À Fribourg, les salons de prostitution livrent bataille aux hôteliers qui ouvrent aussi leurs chambres à la prostitution / 19h30 / 3 min. / le 17 mai 2023
Les salons de prostitution fribourgeois se plaignent de la concurrence déloyale représentée par les hôtels. Certaines prostituées préfèrent en effet exercer leur métier dans des chambres d'hôtels où l'activité n'est pas soumise à autorisation si elle reste occasionnelle dans l'établissement.

Dans un salon, en ville de Bulle, sept filles vendent leur charme. L’établissement est soumis à autorisation et des contrôles sont régulièrement menés par la police des mœurs. Aujourd’hui, son gérant a décidé de livrer la guerre aux hôtels qui ouvrent leurs chambres à la prostitution. "Les filles qui travaillent dans les hôtels cassent leurs prix, on attend donc des autorités fribourgeoises qu’elles réagissent pour qu’il y ait un changement de loi. Cela, afin d'interdire cette pratique dans les hôtels et appartements privés", revendique Loïc Duc, gérant du Centre Relax, mercredi dans le 19h30.

Pour les salons qui prendraient 300 francs minimum de l’heure contre 200 francs dans un établissement hôtelier, il s'agit de concurrence déloyale. "Depuis le début d’année, j’ai vu une baisse de clients et j’ai entendu que beaucoup de filles travaillent dans les hôtels à prix cassés. Ce n’est pas correct pour les filles qui travaillent ici alors qu'on est en règle", déplore Zoé Meuwly, patronne du Salon Bar Suleik Girl, au micro de la RTS.

Préférence pour les hôtels

La bataille entre les salons et les hôtels prend des allures de remise à l’ordre lorsqu’en mars dernier, le canton de Fribourg envoie à tous les hôteliers et établissements parahôteliers un courrier leur demandant de s’annoncer si l’exercice de la prostitution revêt un caractère durable dans leur établissement.

Déborah, qui vient de Roumanie, a exercé d’abord en salon mais aujourd’hui l'escort dit préférer les hôtels et se défend de faire baisser les prix. "Quand je suis dans un hôtel, j’augmente les prix pour sélectionner les clients, on peut prendre 600 francs par exemple".

Une indépendance qui arrange les affaires de cet hôtelier en difficulté depuis la période Covid, le seul qui a accepté de témoigner anonymement. "La prostitution en milieu hôtelier n’est pas nouvelle. Il y a bel et bien une tendance à la hausse", indique-t-il par écrit.

Zone grise

Pour Alain Maeder, chef de la police du commerce du canton de Fribourg, cet hôtelier qui loue des chambres à des prostituées de temps en temps est tout à fait dans les règles. "Pour un établissement hôtelier qui abriterait de manière sporadique des activités de prostitution, il apparaît disproportionné d’imposer à l’hôtelier les mêmes démarches administratives. Cela d’autant plus que l’hôtelier n’est pas nécessairement censé savoir l'objectif des personnes qui vont occuper la chambre".

L’exercice occasionnel de la prostitution dans les hôtels ou airbnb semble bénéficier d’une zone grise. Pour l’heure, la volonté de changer la loi ne paraît pas être l’option prise par les autorités.

Carine Regidor/hkr

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