Le libre accès à des protections hygiéniques s'opérera sur tout le territoire cantonal dans pas moins de 73 bâtiments publics, ont indiqué mercredi devant la presse des représentants de l'Etat de Fribourg et de la Ville de Fribourg. La distribution décidée par le Conseil d'Etat fait suite à un postulat déposé par deux députées.
Le texte demandait d'étudier la possibilité de proposer gratuitement des protections hygiéniques dans les lieux de formation et les institutions publiques et sportives. Une étude de faisabilité a ensuite été menée sous l'égide d'un Comité de pilotage présidé par le Service de l'action sociale (SASoc) et rassemblant plusieurs entités.
Particulièrement pour celles à la limite de la pauvreté
Le rapport d'étude recense les modalités de mise en oeuvre, soit le nombre de lieux concernés, le coût et le matériel nécessaire. Il prévoit une stratégie de communication ainsi qu'un renforcement des mesures de prévention, ont fait savoir les intervenants, au rang desquels Philippe Demierre, le conseiller d'Etat en charge de la santé et des affaires sociales.
Les jeunes filles et les femmes vivant à la limite de la pauvreté sont particulièrement ciblées par l'offre fribourgeoise. En effet, trouver des alternatives à l'achat de protections hygiéniques peut nuire à leur santé. Une utilisation prolongée ou inadéquate, voire une fabrication maison, peut engendrer des problèmes de santé.
Interrogé dans le 19h30, Philippe Demierre précise qu'environ une femme sur dix a des problèmes d'argent dans le canton de Fribourg. Mais il ajoute que la mesure se veut plus large et s'adresse à toutes les Fribourgeoises.
L'âge des premières règles tend à diminuer au fil du temps. C'est pourquoi le Conseil d'Etat recommande de mettre des protections à disposition du public dès 10-11 ans, soit pour l'école obligatoire dès la 7H. Une sensibilisation à l'école obligatoire sera aussi déployée pour réduire le tabou existant au sujet des règles.
Pour les dépannages mais pas que
Pour les bâtiments publics, les protections hygiéniques sont mises à disposition en libre accès pour permettre aux jeunes filles et aux femmes de s'approvisionner, soit de manière ponctuelle pour des dépannages, soit de manière plus durable pour les femmes en situation de précarité, sans discrimination.
Cinquante-neuf bâtiments publics impliquant l'installation d'un seul distributeur fixe et 14 bâtiments nécessitant l'installation de plusieurs distributeurs fixes sont concernés dans le canton. Pour le déploiement initial, le budget prévoit un montant total de 70'200 francs la première année, puis de 36'200 francs dès la deuxième.
La somme comprend les coûts pour la sensibilisation et la communication. Le projet participe à la réalisation des cibles de la stratégie de développement durable de l'Etat de Fribourg. Il s'inscrit par ailleurs dans le cadre de la stratégie cantonale de santé sexuelle qui sera présentée lundi.
A Fribourg dès la rentrée
Outre Philippe Demierre, la conseillère communale de Fribourg Mirjam Ballmer comptait parmi les intervenants à la conférence de presse. L'exécutif communal avait pour sa part répondu favorablement à un postulat et initié dès le 20 juin 2022 une phase-test dans les toilettes dames de trois de ses bâtiments communaux.
Les quatre mois d'essai ont permis de recueillir l'avis et les doléances des utilisatrices, d'ajuster le volume des protections hygiéniques mises à disposition et d'estimer un budget opérationnel. Le déploiement du dispositif dans le chef-lieu cantonal est prévu pour la rentrée prochaine à fin août.
ats/juma
Déjà dans les écoles de trois cantons romands
Les cantons du Jura, de Neuchâtel et de Genève ont déjà installé dans leurs écoles des distributeurs de produits d'hygiène menstruelle.
La mesure semble porter ses fruits au bout du lac. "A part quelques plaisanteries potaches comme on en connaît dans toutes les écoles, aucun problème significatif ne nous est remonté", indique dans le 19h30 Nicolas Tavaglione, le secrétaire général adjoint du Département genevois de l’instruction publique. "On évaluera au fil des ans s'il faut modifier le projet et augmenter le nombre de distributeurs", ajoute-t-il.