Il y a dix jours, on apprenait la mort d’un millier de poissons dans la Sionge, dans les environs de Vuadens, en Gruyère, à cause du déversement d'un produit chimique. La pêche n'est toujours pas recommandée dans le secteur durant une semaine encore. Pour le service cantonal de l'environnement, il s'agit de la 22e intervention de l'année pour décontaminer un cours d’eau.
Dans le canton de Fribourg, une rivière est polluée chaque semaine en moyenne. Les causes de ces pollutions à répétition sont multiples: produits chimiques, pesticides, vidanges de piscine ou encore hydrocarbures après des accidents de voitures.
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Particuliers inconscients des dangers
Souvent pointée du doigt, l'agriculture n'est pas la première responsable. Les particuliers sont de plus en plus en fautifs ces dernières années.
Eric Mennel, le chef de la section chargée de la protection des eaux du canton de Fribourg, explique lundi dans La Matinale que des produits sont mis à disposition des consommateurs, qui n'ont pas toujours connaissance des consignes d'utilisation. Il cite le cas des piscines: "On utilise du chlore pour les désinfecter. Les particuliers ne savent pas tous que ce chlore peut être toxique s'il est déversé directement dans les eaux", illustre-t-il.
Une stratégie qui montre ses limites
Pour tenter d'inverser la tendance, les autorités médiatisent au maximum depuis trois ans ces atteintes à l'environnement. Une stratégie de communication peu efficace jusqu'ici, au grand regret d'Eric Mennel. Mais selon lui, il sera difficile de faire diminuer ces sources de pollution.
"C'est très rarement des malversations. Il s'agit soit d'accidents, soit d'ignorance", observe Eric Mennel. "On peut difficilement faire quelque chose contre les accidents, à part informer et équiper le centre d'intervention, ce que l'on fait déjà. Pour l'ignorance, il y a la communication. On veille régulièrement à publier des informations pour diminuer le nombre de cas de pollution", déclare-t-il.
Appel à renforcer les sanctions
Au niveau politique, certaines voix appellent à durcir le ton envers les pollueurs. C'est la proposition du député socialiste Simon Zurich. "Aujourd'hui, même dans une situation où un professionnel, par exemple un pisciniste, viole les devoirs et obligations qu'il devrait pourtant connaître, les sanctions restent très faibles, quelques centaines de francs maximum. Il y a un besoin de renforcer la possibilité de sanctions pénales pour avoir un effet dissuasif", soutient l'élu.
Le canton de Fribourg n'est pas un cas isolé en Suisse romande. Vaud, par exemple, enregistre chaque année une centaine de cas de pollution dans ses cours d'eau.
Mehdi Piccand/ami
Actions sur plusieurs fronts demandées
"Tout cas de pollution est un cas en trop", lance de son côté Marc Vonlanthen, le président de Pro Natura Fribourg et membre du parti socialiste. Selon le défenseur de l'environnement, les sources de contaminations sont bien identifiées. Des mesures ont été déployées, mais leur intensité doit être questionnée, soutient-il, notamment "la fréquence des contrôles, qui pourrait être augmentée, et le volet des sanctions".
Marc Vonlanthen estime lui aussi que les amendes sont peu dissuasives. Il plaide donc en faveur d'un renforcement du "volet de la répression", mais aussi de celui de la "sensibilisation".