"La fin de pandémie et la guerre en Ukraine influencent toujours les finances", a dit le grand argentier. Sans oublier l’inflation, la hausse des primes maladie ainsi que l’augmentation des loyers et des prix de l’énergie qui apportent une pression supplémentaire sur la population, son pouvoir d’achat et le climat de consommation.
Le gouvernement a réussi aussi à compenser l’absence probable de versement par la Banque nationale suisse (BNS). Rien n’a été inscrit pour 2024, comme en 2023. Au-delà, charges et revenus affichent une progression de 4,6% à 4,05 milliards. "Davantage que la croissance de l'économie nationale de 2,8%", a noté le trésorier Laurent Yerly.
Primes maladie
Les principales variations viennent de prévisions de recettes en forte hausse, dont les estimations antérieures avaient été prudentes en raison de la pandémie. L’impôt sur le bénéfice des personnes morales et celui sur le revenu des personnes physiques gagnent respectivement 23,2% à 35 millions et 5,9% à 49 millions.
Après la chute de 2022 liée à l’absence de redistribution de la part du bénéfice de la BNS, les revenus des biens et autres recettes d'exploitation évoluent modestement (+3,9 millions). En ce qui concerne la péréquation financière fédérale, le budget 2024 enregistre une évolution favorable de 27,9 millions de francs.
Au chapitre des subventions fédérales, une hausse de 10,8 millions est à relever pour la participation aux frais des mesures d’intégration des personnes admises à titre provisoire. Toutefois, l'apport est à mettre en perspective avec les charges, qui elles aussi, sont en forte progression en raison des flux migratoires.
Une croissance "sensible" de 10,5 millions des contributions fédérales pour la réduction des cotisations d'assurance maladie est encore à signaler, tout comme des aides supplémentaires du canton. Le budget contient ainsi 22,3 millions en plus pour absorber la hausse des primes des bénéficiaires actuels et élargir le cercle.
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Fonds et provisions
Le projet de budget recourt en outre aux fonds et provisions de façon soutenue. En particulier, le fonds d’infrastructures est sollicité à hauteur de 33,3 millions (+6,3 millions). Six millions de francs concernent des investissements liés à des mesures en faveur du climat et de la mobilité douce.
Pour la deuxième année consécutive, un prélèvement sur la provision BNS de 50 millions de francs est prévu pour compenser l’absence de versement attendue en 2024.
Les charges ressortent également en nette augmentation. Pour le personnel, elles avancent de 54,8 millions, sous l’effet de l’indexation des salaires (+1,6% par rapport à 2023) et de la création de nombreux nouveaux postes (+169,25 en équivalent plein temps, en net), dont près de deux tiers dans l’enseignement.
Comme voulu par le Grand Conseil, des crédits forfaitaires dédiés à des appuis en personnel ont été pérennisés (+42,5 EPT). La réduction des montants forfaitaires compense pour l’essentiel les coûts, de sorte que l’opération est quasiment neutre.
Gros investissements
Les efforts pour déployer la stratégie de numérisation "Administration 4.0" sont toujours visibles, avec des dépenses de 65 millions (+8 millions). Les subventions sont en hausse de 5,4% avec un montant additionnel de 101,5 millions, pour la santé, le social, l’asile et les transports publics notamment.
Le volume des investissements porte sur 296,3 millions de francs, en croissance de 4,4%. Y figurent: l’Agroscope à Posieux, les bâtiments de l’Université, l’agrandissement de la Bibliothèque cantonale et universitaire ainsi que celui du site pénitentiaire de Bellechasse, et le nouveau Musée d’histoire naturelle de Fribourg.
Le degré d'autofinancement atteint 46,3%, inférieur à l'objectif de 80%, avec un besoin de financement de 133 millions. "Le budget s'inscrit par ailleurs dans un moment où les perspectives conjoncturelles se voilent, a averti Jean-Pierre Siggen.
Sans omettre le programme d’économies de la Confédération et la distribution aléatoire des dividendes de la BNS. Pour rappel, les comptes 2022 avaient dégagé un excédent de 494'000 francs.
ats/miro