Le décret a été accepté par 83 voix contre 13 et 1 abstention. Les députés, malgré des réticences, se sont rangés derrière les arguments du conseiller d'Etat chargé de la mobilité Jean-François Steiert. L'Etat de Fribourg est actionnaire des TPF à 75,1%. Le capital-actions se monte actuellement à 17,5 millions de francs.
Le scepticisme est ressorti par rapport à la situation financière de la compagnie et aux départs à répétition de cadres. La nécessité de "contenir la progression de l'endettement des TPF" doit l'emporter, a noté le député centriste Eric Collomb, en mettant en exergue la responsabilité politique. Une majorité de l'UDC a voté contre.
Gros investissements
L'apport d'argent frais servira principalement à assurer l’assise financière propre de la société TPF Holding concernant les développements futurs. Il s'agit notamment du financement de la décarbonation "indispensable" du matériel roulant et de l’aménagement de plateformes de mobilité multimodale.
Les TPF prévoient en effet d'investir 585 millions de francs d'ici à 2030 pour remplacer les bus urbains et régionaux à énergie fossile par des véhicules propres. Ceux-ci fonctionneront à l'électricité en milieu urbain et à l'hydrogène dans les régions périphériques, en fonction de l’évolution de la fiabilité de la technologie.
La création de nouvelles gares routières et de nouveaux parcs relais, ainsi que le remplacement d’anciennes rames de trains sont encore planifiés. Compte tenu de la dépense proposée par le Conseil d'Etat, le décret est soumis au référendum financier obligatoire. Ce qui implique que le peuple fribourgeois se prononcera en 2024.
Approche durable
L'augmentation de capital, qui profitera à la filiale TPF Trafic, bénéficiera à l’ensemble du canton, grâce à l’aménagement d’infrastructures réparties dans les différentes régions, a expliqué le Conseil d'Etat. Elle s’inscrit dans la politique de mobilité globale et durable de l’Etat de Fribourg.
Pour rappel, celle-ci a pour objectifs de favoriser et d’encourager les transports publics, ainsi que sa politique climatique qui vise à supprimer les émissions de gaz à effet de serre. L'Etat de Fribourg prévoit un versement en trois tranches, à savoir 20 millions de francs par année entre 2024 et 2026.
La Ville de Fribourg, actionnaire elle-même à hauteur de 16,24%, a aussi mis la main à la poche en votant il y a un mois un crédit de 12,5 millions de francs. Les CFF, avec une part de 5%, ont également été approchés. Des communes et une trentaine d’acteurs privés détiennent les 3,66% restants du capital.
Vers l'avenir
L'apport de fonds doit aussi permettre de limiter l’impact des charges d’intérêts, sachant que les TPF devront contracter des emprunts bancaires pour financer leurs investissements. Un coût élevé pour les collectivités publiques qui indemnisent les entreprises de transports publics.
Les économies peuvent être estimées, si l’on considère un taux d’intérêt sur les crédits bancaires à 3%, à 1,8 million de francs par an, soit près de 14 millions au total pour la période 2023–2030. La somme de 60 millions n'assurera pas de rendement pour l'Etat. En effet, les TPF ne distribuent pas de dividende.
"Il faut se tourner vers l'avenir", a indiqué le député vert Bruno Marmier, tout en demeurant critique. "A la direction des TPF de regagner la confiance". Un amendement demandant un rapport régulier du Conseil d'Etat à la commission des finances et de gestion sur la situation financière et la décarbonation a passé haut la main.
ats/jfe