Entre prospection et prudence pour la géothermie profonde dans le canton de Fribourg
A la tombée de la nuit, dans le village d'Echarlens, l'écho de trois camions vibreurs résonne à travers les ruelles. Ces engins émettent des ondes sonores dans le sol, permettant de cartographier les strates souterraines entre 3000 et 4000 mètres de profondeur.
Ces données permettront d'évaluer le potentiel géothermique du sous-sol, une étape préalable essentielle avant d'envisager d'éventuels forages.
"Le sous-sol idéal est constitué de couches géologiques naturellement riches en eau, principalement des couches calcaires", décrit Marius Gruber, chef de projet chez Hydro-Geo Environnement, samedi dans le 19h30 de la RTS.
Et de poursuivre: "Ces calcaires, s'ils sont fracturés ou faillés, offrent des voies privilégiées pour la circulation de l'eau. C'est dans ces fractures que nous cherchons à déceler le potentiel géothermique du sous-sol".
Dix-huit communes sondées
Les mesures sont effectuées dans 18 communes gruériennes, avec l'espoir ultime de Gruyère Energie d'exploiter l'eau chaude enfouie sous la surface pour produire à la fois chaleur et électricité.
Claude Gremion, président de Gruyère Energie, souligne l'importance d'explorer cette voie: "Je suis beaucoup plus à l'aise d'explorer, de tout mettre en oeuvre, quitte à subir un échec, que de ne rien faire".
Garantir les risques financiers
Cependant, plusieurs projets similaires en Suisse romande n'ont pas donné les résultats escomptés. Récemment, le forage de Vinzel dans le canton de Vaud n'a pas réussi à localiser de l'eau suffisamment chaude.
Ce type d'exemples pousse Groupe E, un acteur fribourgeois majeur dans le domaine, à la prudence. L'entreprise a décidé de repousser ses projets dans l'agglomération fribourgeoise jusqu'à ce qu'une solution viable pour réduire les risques financiers soit trouvée.
>> Relire : L'eau n'est pas assez chaude dans le forage géothermique de Vinzel
"Nos options consistent à partager le risque avec des partenaires et à travailler avec la Confédération pour mettre en place des dispositions de garantie de risque sur les forages", explique Pascal Abbet, directeur de Gpfr SA (Géothermie profonde Fribourg), société créée en 2019 par le Groupe E.
Malgré ces défis, le canton de Fribourg continue timidement sa quête de géothermie profonde. Le premier forage dans le district de la Gruyère ne verra pas le jour avant une décennie, si tout se déroule comme prévu.
Hannah Schlaepfer/vajo