Alors que les villes de Lausanne et Zurich testent actuellement le congé menstruel, Fribourg - où l'organe délibérant est à majorité de gauche - a sauté le pas sans attendre les conclusions de ces expériences.
"Les personnes menstruées ont chaque mois leurs règles. Et cela ne compte pas comme une maladie. Si j'ai des douleurs liées à mes menstruations, je me dis qu'il faut que je prenne un cachet et que j'aille quand même travailler", a déclaré mardi dans le 12h45 la conseillère générale verte Margot Chauderna.
Une femme sur dix
Pour les autrices du projet, principalement de gauche, mais avec le renfort d'une élue vert'libérale, il s'agit de rendre visible une réalité: selon les HUG, plus d'une femme sur dix en âge de procréer est atteinte d'endométriose. Cette maladie peut provoquer des douleurs invalidantes.
Les femmes qui ne sont pas touchées par cette maladie peuvent, elles aussi, ressentir des douleurs comparables à des migraines. Et dans ce cas, un ou une employée ne va pas travailler. D'où cette question des autrices du texte: pourquoi en serait-il différemment avec les douleurs liées aux règles?
Le congé maladie était suffisant, selon la droite
A cette question, la droite du Conseil général fribourgeois avait répondu qu'il existe déjà un congé maladie pour cela. A ses yeux, il était par conséquent inutile de modifier la loi, avec pour conséquence de stigmatiser encore davantage les femmes, en pointant du doigt une différence supplémentaire.
"Pour moi, c'est mettre une charge émotionnelle supplémentaire sur les femmes qui ont déjà un lourd fardeau à porter. Et c'est superflu: après, on devra instaurer un congé pour tout, alors que ce sont des cas réglés par l'assurance maladie", argumente dans le 12h45 Océane Gex, conseillère générale PLR.
La minorité de droite aurait préféré, par exemple, une campagne de sensibilisation pour la détection de maladies gynécologiques.
Sujet radio et TV: Muriel Ballaman et Nicolas Beer
Adaptation web: ami
Des conséquence professionnelles?
Interrogée dans le 12h45, la Dr. Dorothea Wunder, du service de gynécologie et d'obstétrique de l'Hôpital fribourgeois, se réjouit que la question des douleurs menstruelles soit débattue publiquement. Mais elle craint également de possibles conséquences professionnelles d'un congé lié aux règles.
"Qu'on en parle plus, c'est très bien. De l'autre côté, si on généralise trop, que ce soit normal pour toute femme de rester trois-quatre jours à la maison par mois, cela devient impossible pour un employeur. Il y aura peut-être plus de réticences d'engager une femme", avertit la médecin.