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De potentielles futures gravières fribourgeoises suscitent la grogne dans les communes

À Fribourg, les gravières crispent les citoyens
À Fribourg, les gravières crispent les citoyens / 19h30 / 2 min. / le 5 juillet 2024
Les différents projets de gravières font de plus en plus polémique en Suisse romande. Après l'occupation de la forêt de Ballens (VD), de potentiels futurs emplacements dévoilés dans le canton de Fribourg font réagir les communes concernées.

Où construire les gravières fribourgeoises dans les 25 prochaines années? La question a déplacé les foules jeudi soir à Ecuvillens, où le canton présentait son nouveau plan sectoriel d'exploitation des matériaux (PSEM). Dix-huit sites ont été retenus pour des gravières.

La commune de Gibloux, où deux sites sont déjà en exploitation, est particulièrement concernée. Avec le nouveau plan, elle pourrait en accueillir trois de plus. "On sait ce que c’est d'avoir des nuisances pour le gravier", fustige Florian Clerc, président de l'association locale Assquavie. "On fait notre part, mais là, on a l'impression qu'on veut faire de Gibloux le centre cantonal du gravier. Là, la population dit stop!"

Nouveaux logements

Le sujet préoccupe jusqu'aux moines de l'abbaye d'Hauterive. "C'est un lieu que nous occupons maintenant depuis presque huit siècles et demi et que l’on voit menacé par ces projets de gravières", souligne le Père Henri-Marie.

De son côté, le conseiller d’Etat Jean-François Steiert a tenu à rassurer. Les communes auront le choix d'exploiter ou non les sites retenus, mais le canton risque d'avoir besoin de gravier. "On va continuer à construire de nouveaux logements pour les nouveaux habitants dans le canton. Même si on recycle beaucoup, à un moment donné (...) les ressources en gravier qui existent dans le canton de Fribourg ne seront plus suffisantes", affirme-t-il (voir encadré).

"Réveillés par les activistes"

C'est aussi un projet de gravière controversée qui a agité la commune de Ballens (VD) en juin, avec une occupation menée par le collectif Grondement des terres. Depuis, une association citoyenne a été créée. Elle compte déjà près de 60 membres.

"On a été réveillé par les activistes qui sont venus sur la commune", rappelle son président Cédric Genre. "On s'est dit qu'on ne pouvait pas rester sans rien faire, et je crois que cette forêt doit être sauvée."

>> Lire aussi : Les activistes anti-béton ont évacué la forêt de Ballens et réfléchissent à la suite

Le même vent de contestation souffle dans le canton de Fribourg. Communes et population ont jusqu’à l'automne pour donner leur avis sur le nouveau plan d’exploitation mis en consultation.

Hannah Schlaepfer/jop

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Un plan dévoilé mi-juin

Révisé mi-juin, le plan sectoriel pour l'exploitation des matériaux de construction (PSEM) entend s'inscrire dans une démarche de développement durable, en intégrant notamment l'économie circulaire. Initiée en 2020, la révision doit contribuer à une utilisation "parcimonieuse" et une gestion durable des matériaux non renouvelables. Il permettra aussi de planifier et gérer l’utilisation des gisements de matériaux de construction fribourgeois via une approche d’utilisation de ressources régionales, avait annoncé Jean-François Steiert lors de sa publication.

Entre logements et infrastructures, les besoins en sable et gravier pour des projets de construction dans le canton sont estimés à 3 mètres cubes par personne et par an pour les 25 prochaines années, selon le ministre, soit 23 millions de mètres cubes.

Circuits courts et recyclage

Dans un contexte où les matériaux fribourgeois sont soumis à une forte concurrence étrangère, le plan propose de répondre aux besoins cantonaux avec une production locale, guidée par une vision à long terme intégrant le climat. La nouvelle version du plan souhaite ainsi encourager les trajets courts et valoriser le potentiel de transport par le rail ou des véhicules plus propres. Objectif: éviter que les matériaux ne viennent de France voisine.

L’utilisation de matériaux de chantier propres pour remblayer les gravières exploitées et la part importante de matériaux de construction recyclés devront aussi créer une économie circulaire. Le PSEM assurera la protection des eaux ainsi que la valorisation de biotopes importants pour différentes espèces animales et végétales.