L'initiative sur les urgences hospitalières boudée par le Grand Conseil fribourgeois
Le décret a été accepté mercredi par 96 voix sans opposition et 3 abstentions. Mardi, l'entrée en matière a suscité nombre d'interventions, qui toutes ont souligné la difficulté d'appliquer l'initiative. Celle-ci a au moins le mérite d'obliger à une discussion, ont relevé des députés, comme le Vert Nicolas Pasquier.
L'initiative n'a pas reçu de soutien. Sa mise en œuvre nécessiterait un investissement compris entre 35 et 40 millions de francs et un coût d’exploitation annuelle entre 11 et 13 millions. "Tout en mettant en jeu la sécurité de la population fribourgeoise et la qualité de la prise en charge", avait averti l'exécutif en novembre.
"Le contre-projet renforce le système hospitalier fribourgeois", a indiqué la présidente de la commission ad hoc Anne Meyer Loetscher. Le texte prévoit un soutien financier supplémentaire du canton pour assurer une prise en charge sanitaire "équitable et de qualité à la population", a rappelé le conseiller d'Etat Philippe Demierre.
Coût de 7,2 millions
Le coût du contre-projet est estimé à 7,2 millions de francs par an, a redit le ministre de la santé. Le canton prendra aussi en charge l’entier des coûts des mesures visant l’équité entre les régions concernant les interventions ambulancières ainsi que les coûts de l’amélioration de la chaîne des secours pour les urgences vitales.
Le texte prévoit également un système de soins, intégré et coordonné, "capable de répondre avec la plus haute qualité à toutes les situations d’urgence". Il comprend encore un renforcement de la médecine communautaire avec un réseau de centres de santé, permanences et maisons de garde, répartis sur le territoire.
Un numéro de santé unique et des équipes mobiles infirmières complèteront le dispositif pour la prise en charge des urgences non vitales. L’HFR doit par ailleurs "disposer d’équipements modernes et de pointe pour permettre de soigner les cas sévères". Des centres de santé dans les régions étofferont le modèle.
"Contre-projet solide"
"Le contre-projet est solide", a résumé Philippe Demierre, en référence à la large consultation dont il est le fruit. Le conseiller d'Etat a encore mis l'accent sur la qualité des services à destination de la minorité germanophone, qui se plaint régulièrement des carences de prise en charge en allemand.
Le 9 juin, le peuple devra non seulement trancher entre l'initiative et le contre-projet, mais aussi se prononcer sur deux points concernant l'HFR: le cautionnement pour les investissements et le prêt pour un nouveau site, qui représentent 175 millions de francs.
>> Lire à ce sujet : Les députés fribourgeois votent 175 millions de francs pour l'HFR
cab avec ats
L'initiative "Pour des urgences hospitalières publiques 24/24 de proximité"
L’initiative populaire "Pour des urgences hospitalières publiques 24/24 de proximité" constitue une réponse à la stratégie 2030 de l’HFR. Celle-ci entend concentrer les soins aigus sur son site principal de Villars-sur-Glâne, y compris les urgences hospitalières. Les auteurs évoquent en outre la surcharge croissante de certains services de l’HFR Fribourg - Hôpital cantonal.
La réorganisation de l’offre ces dernières années a engendré la fermeture de prestations dans les régions périphériques, estiment quant à eux les initiants. Ils veulent garantir un service d'urgences hospitalières publiques 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, dans le sud, le centre et la partie alémanique. Leur texte avait été déposé en juin 2021, avec 10'483 signatures valables, alors que 6000 paraphes étaient requis. Selon le gouvernement, la population fribourgeoise a besoin "d’un hôpital cantonal fort avec un positionnement clair entre les deux hôpitaux universitaires de Berne et de Lausanne".