L'UNIFR supprime la préférence cantonale du Master de médecine malgré la pénurie de praticiens
Les étudiantes et étudiants fribourgeois qui ont réussi leur Bachelor de médecine n'auront plus de place garantie en Master à l'UNIFR. Jusqu'à présent, pour attribuer cette quarantaine de places, l'université se basait sur une directive interne dont le premier critère était leur domicile fiscal. Cette politique avait notamment pour but d'éviter les départs hors du canton et de limiter ainsi la pénurie de médecins.
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Mais à la suite d'une plainte à l'été 2023, qui dénonçait une contradiction juridique entre cette directive et l'ordonnance cantonale sur les universités, le Canton a remis à l'ordre l'institution en lui imposant de se baser en premier lieu sur les notes.
Exode redouté
Conséquence: sept Fribourgeois en début de troisième année de Bachelor ont appris le mois dernier qu'ils devront poursuivre leur cursus à Bâle ou Zurich l'année prochaine. Car l'UNIFR n'a pas de partenariat avec les universités de Lausanne et Genève, mais seulement avec des institutions alémaniques et tessinoise.
"J'apprends aujourd'hui que cette place ne m'est plus donnée en priorité, donc je sens quand même une grande trahison et un stress constant", témoigne l'un d'eux dans le 19h30. Et s'il doit plier bagage, le jeune homme l'affirme: il ne reviendra pas. "Je ne vais pas détruire toutes les attaches et les repères que j'aurai faits dans un autre canton pour revenir ici à Fribourg, alors que j'aurai perdu tout ce qui m'attachait ici."
Ce changement a des allures de balle dans le pied pour Fribourg, qui voulait éviter l'exode de médecins avec ce Master à domicile. La Faculté de médecine elle-même conseille aux étudiants concernés de faire recours. Et en coulisses, la politique s'active. Certains aspirent à modifier la loi sur l'Université, qui régit l'ordonnance cantonale.
Partenariat avec le Valais?
"On est vraiment face à une situation très difficile, avec le besoin de former davantage de médecins dans le canton pour faire face à une pénurie assez criante", fustige Simon Zurich, député socialiste au Grand Conseil. D'après lui, il faut rapidement augmenter le nombre de places de formation dans ce Master. Mais pour cela, il faut également davantage de places de stage dans les hôpitaux. Et Fribourg ne peut pas y subvenir à lui seul.
Le socialiste mise donc sur l'appui d'autres cantons, en particulier le Valais. Le conseiller d'Etat Mathias Reynard a d'ores et déjà fait part de son intérêt: "Non seulement parce qu’on est aussi un canton bilingue, mais en plus, on voit un intérêt de former davantage de jeunes médecins: ce sont évidemment des gens qui pourraient rester en Valais, donc il me semble que c’est un partenariat gagnant-gagnant", expose-t-il.
Un tel partenariat ne serait donc pas totalement gratuit pour Fribourg, car le Valais lui aussi manque de médecins. Mais il pourrait avoir le mérite d’endiguer l’hémorragie.
Sujet TV: Muriel Ballaman
Texte web: jop