La police s'est déplacée en nombre à Villars-sur-Glâne pour éviter des heurts entre Erythréens
Entre 60 et 80 personnes d'origine érythréenne se sont rassemblées samedi matin dans une salle de Villars-sur-Glâne, spécialement louée pour la rencontre qui se voulait pacifique et qui ne nécessitait pas d'autorisation.
Devant le bâtiment, près de 200 de leurs compatriotes se sont eux réunis pour empêcher la tenue de ce rassemblement, accusé d’être en faveur du régime d’Isaias Afwerki. "Ils sont là pour supporter le gouvernement du dictateur érythréen et nous on est là pour être une opposition", a expliqué samedi dans le 19h30 de la RTS Letina, l'une des opposantes au rassemblement.
Munis de bâton et de pierres, ils arboraient le drapeau historique de l’Erythrée, signe de leur opposition au régime en place dans leur pays d’origine, considéré comme une dictature. Letina assure toutefois que si les opposants sont venus avec des bâtons, "ce n'est pas pour faire mal aux gens, à la police ou à quelqu'un d’autre", mais parce que "c'est la seule manière de se défendre".
Important dispositif policier
Avertis de l’arrivée du groupe, la police cantonale fribourgeoise est intervenue aux alentours de 12h30, parvenant à empêcher un affrontement. Plusieurs patrouilles ont été engagées préventivement dans le secteur. Des voitures provenant de différents cantons ont été interceptées et leurs occupants d’origine érythréenne contrôlés.
Un important dispositif préventif, avec plus d'une centaine de membres du maintien de l’ordre, a été alerté et engagé afin de parer aux confrontations. Certains des quelque 200 opposants portaient des bâtons, des manches de hache et des cailloux, précise la police. Celle-ci a fait usage de spray au poivre pour tenir à distance quelques fauteurs de troubles.
"La menace potentielle était une bagarre d’ampleur, avec environ 80 personnes contre environ 150 en face, équipées de bâtons et de cailloux", affirme Yvan Baechler, premier lieutenant de la police cantonale fribourgeoise, pour justifier l'importance d'une telle mobilisation.
Des précédents
En fin de compte, personne n'a été blessé, ni parmi les personnes provenant des deux rassemblements, ni parmi les forces de police. Les opposants ont été interpellés et identifiés. Pendant ce temps, les personnes présentes dans l’école primaire ont été évacuées. Les auteurs des infractions seront dénoncés et un rapport sera établi à l’attention des autorités.
"On est quand même sur une situation particulière et on a de la chance que ce soit assez rare", déclare Yvan Baechler. Mais si cette situation est inédite dans le canton, elle fait écho à d’autres heurts au sein de la diaspora érythréenne qui ont eu lieu en Europe et en Suisse.
L'an dernier, la police est notamment intervenue lors d'une bagarre à Opfikon (ZH) et un rassemblement a été annulé au dernier moment à Rüfenacht, près de Berne.
>> Relire : Plusieurs personnes blessées lors d'une manifestation érythréenne à Zurich
Sujet TV: Hannah Schlaepfer
Adaptation web: edel avec ats
Bagarre aux Pays-Bas
Au moins quatre policiers ont été blessés tôt dimanche lors d'affrontements à la Haye entre des groupes rivaux d'Erythréens. Ils ont incendié des voitures de police et lancé des pierres sur les forces de l'ordre, a indiqué la police.
Des unités spéciales ont tiré des gaz lacrymogènes sur les participants aux violences, qui, selon la police, étaient des groupes de partisans ou opposants au gouvernement érythréen, participant à une réunion à La Haye.
Plusieurs arrestations
Au cours des troubles, deux policiers ont été blessés à la main, un autre aux dents et un quatrième heurté par une voiture de police dans la confusion. La police a procédé à plusieurs arrestations et lancé un appel à témoins et à images vidéo dans le cadre de son enquête.
Quelque 25'000 ressortissants érythréens vivent aux Pays-Bas, selon les chiffres officiels du gouvernement néerlandais. Des groupes pro- et antigouvernementaux se sont déjà affrontés, notamment l'année dernière, lorsque plusieurs personnes avaient été poignardées avant un événement célébrant l'indépendance de l'Erythrée de l'Ethiopie.