Le canton de Fribourg face à une démographie galopante et à une raréfaction de logements
Selon les données de l'Observatoire fribourgeois du logement publiées vendredi dernier, le taux de vacance est maintenant passé en dessous de 0,6%, alors qu'il atteignait encore plus de 6,5% fin 2021. La situation s'est drastiquement inversée en quelques années dans le chef-lieu de la Gruyère.
En 2019 encore, les régies immobilières s'arrachaient les locataires dans la deuxième ville du canton. Entre des mois de loyer offerts, des bons d'achats, des abonnements au fitness ou même des tablettes, elles ne savaient plus quoi inventer pour attirer des locataires dans des nouveaux immeubles.
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Explosion du nombre d'habitants
Aujourd'hui, c'est une tout autre dynamique: Bulle est en situation de pénurie de logements, en raison d'une démographie galopante. En vingt ans, le nombre d'habitants a plus que doublé dans la ville pour atteindre aujourd'hui près de 27'000 habitants, ce qui lui donne plus ou moins le même poids démographique qu'une ville comme Montreux.
Ce boom s'accompagne d'un dynamisme économique important. Plusieurs entreprises se sont implantées et développées à Bulle, par exemple la société internationale de biopharmaceutique UCB-Farchim. Rolex prendra ses quartiers dès 2029. L'implantation de la société horlogère signifiera 2000 nouveaux emplois. Cette hausse des places de travail risque de tendre encore le marché du logement.
Les régions pas toutes logées à la même enseigne
Cette tension ne s'observe pas dans tout le canton de Fribourg. Il y a des disparités régionales, comme le montre une étude de la Banque cantonale de Fribourg qui vient d'être publiée.
Par exemple, trouver un logement dans la Broye reste relativement facile. La situation se tend en revanche en Veveyse, à proximité de l'Arc lémanique, ou à Morat, dans le district du Lac.
La construction ne suit pas
Dans l'ensemble, la population fribourgeoise grandit plus vite que la moyenne nationale. Mais dans le même temps, les nouveaux logements ont fortement ralenti, selon une récente étude de la Banque cantonale de Fribourg. L'an dernier, le nombre de logements locatifs autorisés à la construction a diminué de 36% par rapport à la moyenne des dix dernières années." Les futurs propriétaires et les promoteurs se montrent impatients d'investir dans la pierre. Le principal défi à l'heure actuelle réside dans la rareté des terrains à bâtir", analyse Daniel Wenger, président de la direction de la BCF, cité dans l'étude de la BCF.
Les nouvelles constructions sont insuffisantes dans certaines régions, estime également Gilberte Schär, la présidente de l'Observatoire fribourgeois du logement: "Il est indéniable que toutes les communes concernées et le Canton doivent prendre en considération cette situation pour l'octroi des permis de construire, parce que nous avons besoin de logements dans les grandes villes", déclare-t-elle dans Forum.
A Bulle, l'exécutif communal assure que c'est chose faite. Plusieurs projets immobiliers sont sur les rails. Ils devraient permettre de loger en tout cas quelque 5000 nouveaux habitants d'ici 2030.
Mehdi Piccand/ami