Pas moins d'antibiotiques dans les exploitations à Fribourg, mais une meilleure prévention
Le constat a été posé mercredi à la ferme-école de Grangeneuve, à Posieux (FR), en présence notamment du conseiller d'Etat Didier Castella, chargé de l'Agriculture.
Des améliorations de la situation sanitaire des exploitations participantes existent, malgré une absence de réduction "statistiquement significative" des antibiotiques.
Lancé en 2017 par Grangeneuve, sous l'impulsion de producteurs soucieux de la santé animale, avec des partenaires comme l'Université de Berne et la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires de Zollikofen (BE), le projet ReLait visait à encourager les exploitations à adopter de bonnes pratiques.
Evaluation de l'impact économique
Jusqu'en 2023, selon le communiqué de la Direction des institutions, de l'agriculture et des forêts (DIAF), les exploitations laitières participantes ont pu sélectionner et appliquer des stratégies de prévention issues d'un catalogue de 17 mesures cherchant à réduire les risques de maladies et, par conséquent, l'usage d'antibiotiques.
Chaque exploitation avait l'opportunité de calculer ses coûts annuels de production à trois reprises pendant le projet. L'idée consistait à évaluer l'impact économique de telles pratiques.
Pour Didier Castella, le projet visait à "trouver le bon équilibre entre une production minimale garantissant l'objectif d'auto-approvisionnement et un potentiel économique qui permette à chacun de vivre correctement, avec une perspective globale de santé autant pour les êtres humains que pour les animaux et l'environnement".
Pas de diminution significative
L'objectif principal de diminuer de 30% en 7 ans l'utilisation des antibiotiques sur les exploitations participant au projet n'a toutefois pas pu être validé scientifiquement, en raison de l'absence de variation significative. Le constat s'explique en raison de trois facteurs, ont relevé les intervenants.
Premièrement, la méthodologie retenue a conduit à ce que la qualité des données ne permette pas des analyses statistiques fiables. Deuxièmement, l'importante variation dans les résultats individuels démontre l'influence de facteurs externes, indépendants des stratégies mises en place sur le recours ou non aux antibiotiques.
Cela reste par ailleurs difficile pour les éleveurs et éleveuses de se passer des antibiotiques, car les résistances à ces médicaments s'intensifient. "Pour maintenir une santé [du bétail] équivalente à il y a 10 ans en arrière, nous avons besoin de plus antibiotiques", souligne Felix Baertschi, éleveur fribourgeois, dans le 19h30 de la RTS.
Des efforts sur la prévention
Finalement, la plupart des exploitations qui ont annoncé de manière volontaire leur participation au projet étaient déjà convaincues et avaient déjà intégré certaines "bonnes pratiques" avant le début du projet.
Reste que ReLait a permis, selon ses initiants, de sensibiliser les exploitations laitières du canton de Fribourg. A l'heure du bilan, on se félicite surtout d'avoir mis en place un meilleur outil de prévention.
ats/iar