Une campagne de prévention contre les abus sexuels lancée par le diacre Daniel Pittet à Fribourg
Dans son livre publié récemment, "Insoutenables secrets", qui aborde la délicate question des abus sexuels commis dans le secret policé des cadres familiaux, le diacre de Rossens revient sur son parcours et son expérience avec de nombreuses victimes, et plusieurs agresseurs. Il ébauche aussi certaines pistes pour parler de la question.
Pour aller plus loin et diffuser son message, Daniel Pittet a également financé cette campagne de six mois par l’intermédiaire de la régie publicitaire Media F. Elle comprend des grands affichages sur les bus de deux lignes de l'agglomération fribourgeoise ainsi que sur deux véhicules dans la région de Bulle et de la Singine.
Le visuel affiche le slogan "Abus sexuels: Parlons-en, agissons!" sur l'image d'un enfant brandissant une pancarte sur laquelle est écrit le mot "Non" dans les trois langues nationales. Le message se décline aussi sous forme d'affichettes et de courtes vidéos dans chaque véhicule du canton.
Des refus rares mais difficiles à transgresser
"Quand j'ai revu et parlé à mon agresseur, il m'a dit que je n'avais jamais dit non, et que donc j'avais eu du plaisir. Dès qu'il a dit ça, j'ai tout de suite pensé à cette petite carte", explique Daniel Pittet mercredi soir dans l'émission Forum. Une contribution "qui n'est rien du tout", mais dont il est persuadé de l'efficacité. "Aucun violeur n'ira contre le 'non'", estime-t-il.
Il invoque une certaine "fragilité" des agresseurs, qui sont "manipulateurs" justement pour ne pas avoir à faire face à un refus. "Et derrière il y a aussi la menace de faire appel à la police ou au numéro 147", argue-t-il.
L'objet de la carte reste avant tout symbolique, explique-t-il. "Il faut surtout éduquer les enfants, dans les familles, à dire non. Un 'non', vous ne pouvez pas le transgresser. Je connais une quarantaine de pédophiles, et ils disent tous que si on leur avait dit 'non', ils ne l'auraient pas fait. C'est en tout cas ce qu'ils disent."
Car son action, Daniel Pittet la mène auprès des victimes mais aussi des agresseurs, auxquels il souhaite également venir en aide. "Le plus important, c'est de s'occuper des personnes qui violent. Ce sont des gens extrêmement dangereux qui cassent des vies. Moi, j'ai eu ma vie cassée jusqu'à la mort. Et c'est pour ça que je continue. (...) Les violeurs doivent savoir qu'ils cassent des vies", conclut-il.
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Texte web: jop
Si vous êtes concernée ou concerné...
Les violences sexistes ou sexuelles peuvent toucher tout le monde, femmes, hommes ou enfants, de tous genres ou orientations sexuelles. Si vous avez été ou êtes victime, ou si vous avez été témoins, il est important d'en parler et de demander de l'aide.
Une telle aide peut venir d'une personne de confiance, mais aussi des Centres de consultation pour l’aide aux victimes, dans lesquels des personnes qualifiées répondront à vos questions. Ils fournissent également des renseignements sur les démarches pour porter plainte, si vous le souhaitez. Les contacts des différents centres peuvent être trouvés sur ce site.
Par ailleurs, si vous venez de subir une agression, il est important de consulter une ou un médecin dans les 48 heures, ou de ses rendre dans un service d’urgence hospitalier ou une clinique gynécologique. En cas de besoin, il est possible de se rendre sur place en compagnie d'une personne de confiance.
Numéros d'urgence:
Police: 112
Centrale d’urgence: 144
Service de conseil pour les adultes: 143
Service de conseil pour les jeunes: 147 ou sur www.147.ch/fr
>> Plus d'informations : https://www.sante-sexuelle.ch/en-cas-durgence/agression-sexuelle