Près de 8000 paraphes récoltés alors que 6000 auraient suffi. Le texte de l'UDC fribourgeoise a fait mouche. S'il ne s'attendait pas à un tel succès, Mansour Ben Yahya voit surtout dans cette initiative une stratégie politique: "Il faut bien comprendre que nous sommes en année électorale. Le thème de l’islam est porteur pour l’UDC qui joue toujours sur les peurs", a-t-il expliqué dans le Journal du matin de la RTS.
Pour autant, le président de la Ligue des musulmans de Suisse s'élève contre la vision du parti agrarien qui juge l'islam incompatible avec le droit suisse: "Il y a un grand travail de discussion et d’explication à faire et il me semble que la création du centre à Fribourg est justement un pas dans la bonne direction".
Est-il difficile de convaincre que l'islam est une religion véhiculant un message de paix? "Actuellement, on n'a pas de souci en Suisse avec les musulmans. Mais on est conscients que ce qui se passe en dehors du pays forge aussi l’opinion de nos concitoyens. Si l’on regarde les informations le soir, ce sont principalement des pays musulmans qui ont des soucis. Il ne faut pas être dupe."
"Helvétiser" les imams
Outre le dialogue interreligieux, Mansour Ben Yahya rappelle que le Centre suisse islam et société vise à offrir aux imams et aux personnes de référence des communautés musulmanes des connaissances utiles à l’intégration dans l’environnement helvétique.
"Une personne en provenance de l’étranger arrive avec son bagage et sa culture. Si l’on offre pas à ces gens-là un cadre, on les poussera à s’isoler. Le centre aura le mérite d’"helvétiser" les imams qui prêchent dans les mosquées", indique-t-il, rappelant que l'institution n'a toutefois pas vocation à former des imams.
"Le travail d’explication et de dialogue est très important. Il ne faut pas toujours brandir la peur de l’autre. Musulmans ou non, nous vivons dans la même société, avec les mêmes défis, les mêmes problèmes. On doit être unis et discuter", conclut Mansour Ben Yahya.
kg