En août 2016, Pascal Jaussi avait été retrouvé blessé par la police fribourgeoise dans une forêt à Aumont (FR). L'homme avait été soigné au CHUV pour des brûlures au thorax et au visage après que son véhicule eut été détruit par un incendie.
Le fondateur de la société aérospatiale S3 avait indiqué à la police avoir été victime d'une agression par deux hommes. Il avait confirmé à trois reprises sa version des faits durant l'année 2016. Le Ministère public fribourgeois avait alors ouvert une procédure pénale contre inconnu.
La reconstitution a mis en évidence la mise en scène
Joint par téléphone mardi après-midi, le procureur Raphaël Bourquin a confirmé à la RTS qu’il a acquis depuis de nombreuses semaines la conviction que Pascal Jaussi a induit la justice en erreur et donc mis le feu intentionnellement à sa voiture. "Lors d’une reconstitution avec un mannequin, nous avons établi que c’est en mettant le feu dans le coffre de sa voiture que l’inculpé a subi un retour de flammes", détaille le magistrat en charge de l'enquête.
Raphaël Bourquin confirme également la présence d’une seule empreinte ADN. Le procureur dit avoir retardé l’inculpation de Pascal Jaussi pour ne pas interférer dans la procédure de mise en faillite de la société S3.
L'intéressé "confiant" sur l'issue de l'enquête pénale
Le patron de Swiss Space Systems Holding SA, également contacté par la RTS, a répété ce qu’il affirme depuis le début de l’affaire. Il dit n'avoir rien mis en scène et assure que son projet de satellites à bas coût et de vols zéro gravité reste viable.
Pascal Jaussi refuse en revanche, désormais, d'être interviewé. Il a uniquement livré ce bref commentaire à la RTS: "Pascal Jaussi est confiant dans le fait que l’enquête pénale apportera la démonstration de sa totale innocence".
Nouvelles révélations dans le volet financier
Pascal Jaussi a été mis en prévention pour induction de la justice en erreur et incendie intentionnel. La justice fribourgeoise précise que cette procédure est indépendante de celle concernant la faillite de la société S3.
Sur le volet financier, l'enquête dépasse le simple fait divers du bois d'Aumont. En effet, Pascal Jaussi aurait aussi induit en erreur ses créanciers, car la garantie bancaire de 30 millions de dollars censée sauver la société S3 de la faillite serait un faux, selon le procureur Raphaël Bourquin.
Par ailleurs, l'homme d'affaires d'origine iranienne qui devait apporter l'argent de cette garantie est lui aussi, comme Pascal Jaussi, inculpé de faux dans les titres. Il ne s'agit là que du début du volet financier de l'affaire S3, dont la justice devrait prendre le relais.
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