La missive du gouvernement fribourgeois intervient alors que deux conseillers juridiques s'apprêtent à quitter la préfecture de la Sarine. Ces départs rappellent ceux d'autres conseillers juridiques, qui avaient quitté la préfecture en 2011 et en 2015, année où deux cas de burnout avaient aussi été signalés.
Ces incidents avaient poussé le Conseil d’Etat à diligenter plusieurs audits. Ceux-ci s'étaient avérés sévères à l’encontre de Carl-Alex Ridoré, soulignant notamment son manque de présence dans sa préfecture, un mode de fonctionnement autoritaire et des instructions peu claires déstabilisant les collaborateurs.
Récusation de la ministre rejetée
Le magistrat socialiste avait demandé la récusation de sa ministre de tutelle, Marie Garnier, avec laquelle il entretient des rapports compliqués. Mais sa demande avait été rejetée par l'exécutif cantonal. Celui-ci exige maintenant du préfet un retour à la normale d’ici la fin de l’année. Reste que la marge de manoeuvre du canton dans ce type de situation est très faible à Fribourg: élu par le peuple, un préfet ne peut en effet pas être destitué.
Carl-Alex Ridoré explique ces départs en cascade de conseillers juridiques par des problèmes structurels. "Je comprends leur choix, il y a un certain nombre de frustrations liées à des situations salariales et de statut qui étaient peu intéressantes, aussi dans un contexte de sous-dotation et de manque de clarté du statut de conseiller juridique", dit-il.
Marie Garnier déplore
De son côté, la conseillère d’Etat Marie Garnier a admis que les préfectures, et notamment celle de la Sarine, faisaient face à une surcharge de travail, mais s'est défendue d'une quelconque responsabilité: "De 2012 à 2017, ma direction a donné plus de deux équivalents plein temps essentiellement à la préfecture de la Sarine (...) soit proportionnellement le double du personnel engagé de ce qu'on a accordé aux autres services", a-t-elle expliqué dans l'émission Forum. "Nous allons disposer l'année prochaine de davantage de postes libres", a-t-elle ajouté.
Elle n'a par ailleurs pas confirmé la menace d'une enquête administrative contre Carl-Alex Ridoré: "Le gouvernement confirme cependant que le préfet a bien reçu une lettre confidentielle. Et je regrette les fuites".
Maurice Doucas/hend