Attaqué sur les taxes universitaires, le Conseil d'Etat fribourgeois rétorque

Pour rappel, le Conseil d'Etat fribourgeois a décidé en automne dernier d'augmenter les taxes universitaires de plus de 360 francs par an pour les étudiants.

"Toutes les études au monde le montrent: des hausses du type qui sont proposées à Fribourg ont un effet direct sur l'accessibilité des étudiants les plus pauvres, issus de la classe moyenne, aux études supérieures. Quand on entend la rectrice (Astrid Epiney, ndlr) à votre micro il y a quelques semaines et qu'on entend Jean-Pierre Siggen dire qu'il n'y aura aucun effet, c'est tout simplement scandaleux", a déploré lundi soir dans Forum le professeur François Gauthier, professeur de sociologie à l'Université de Fribourg.

"Il n'y aura aucune discrimination"

Ces critiques ont été fermement balayées mardi soir par le conseiller d'Etat en charge de l'Instruction publique Jean-Pierre Siggen. "(François Gauthier) n'a visiblement pas lu toutes les études, notamment celle de l'Office fédéral de la statistique parue à la fin novembre dernier. Celle-ci montre que l'aspect financier, et la taxe en particulier, n'est de loin pas l'élément-clé actuellement en Suisse, lorsqu'on choisit ses études (...) Selon l'OFS, une bonne part des étudiants travaillent, mais seule une minorité a besoin de le faire pour financer ses études directement".

Selon le ministre PDC, cette augmentation n'entraînera aucune discrimination: "D'autant plus que le canton - comme les autres cantons - dispose de bourses et de prêts. Et l'Université de Fribourg a, elle-même, un fonds social qui permet soit de supprimer la taxe pour certains, soit de payer en cash des montants de soutien", a-t-il précisé.

"Une lutte des classes dépassée"

Selon les critiques de François Gauthier, ce sont surtout les étudiants de la classe moyenne qui vont être impactés car ils subissent les hausses de coûts mais n'entrent pas dans les critères pour obtenir les bourses. "Le fonds de l'université a des critères plus larges que ceux pour les bourses. C'est parce qu'on a cette vision d'ensemble que l'on peut dire que cette hausse ne sera pas discriminatoire", a rétorqué Jean-Pierre Siggen.

Et d'ajouter: "Je rejette totalement cette espèce d'analyse de lutte des classes du professeur Gauthier qui vient nous expliquer qu'avec cela on va démarrer en Suisse un combat dans toutes les universités. Ce sont des relents un peu dépassés, ce n'est pas la réalité suisse. Il fait beaucoup de comparaisons peu scientifiques je trouve. Il accuse vite."

>> L'interview de François Gauthier, professeur de sociologie des religions :

Keystone - Gaëtan Bally

hend