La succession de la Verte Marie Garnier au Conseil d’Etat fribourgeois le 4 mars contient un enjeu caché pour le Parti socialiste (PS): l’accession de Pierre Mauron au Conseil national. Selon de nombreux politiciens interrogés par la RTS, l'accession au Parlement fédéral du chef du groupe socialiste au Grand Conseil fribourgeois serait d'ailleurs le principal objectif du PS.
Candidat malheureux au National lors des dernières élections en 2015, Pierre Mauron est en effet l’actuel premier des viennent-ensuite sur la liste socialiste. L’élection de la conseillère nationale socialiste Valérie Piller Carrard au gouvernement fribourgeois permettrait donc à son collègue de la remplacer au Parlement fédéral.
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Cette stratégie dérange jusqu'au sein du PS, car elle implique la présentation d'une candidature contre son alliée écologiste Sylvie Bonvin-Sansonnens, et met en péril l’Alliance de gauche.
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Accusations contre Christian Levrat
"Les manoeuvres du clan gruérien du PS, il y en a marre", s'élèvent des voix au sein de l'Alliance de gauche. Celles-ci font référence aux liens familiaux entre Pierre Mauron et le président du Parti socialiste suisse Christian Levrat, qui sont beaux-frères.
Pour les mécontents de la gauche, ce seraient eux les cerveaux de cette stratégie. Les détracteurs ajoutent que l’annonce rapide de la candidature de taille que représente Valérie Piller Carrard visait à bloquer la voie à toute autre femme de l'Alliance de gauche, au profil moins prestigieux.
PS contre Verts
Alors que les Verts ont lancé leur propre candidate pour remplacer la conseillère d’Etat démissionnaire, Pierre Mauron aurait tenté de convaincre Sylvie Bonvin-Sansonnens de renoncer.
C'est ce qu'affirment la candidate écologiste et son président de parti Bruno Marmier, précisant que le socialiste a proposé toute une série d’options pour l’inciter à abandonner, y compris le siège de la conseillère d’Etat Anne-Claude Demierre qui sera libre lors des prochaines élections cantonales en 2021.
Pierre Mauron réfute
"C'est totalement faux (...) Je n'ai pas demandé (à Sylvie Bonvin-Sansonnens ) de se retirer", a rétorqué Pierre Mauron dans l'émission Forum dimanche.
Et d'ajouter: "Il y a deux courants au PS. Le premier est plutôt pessimiste et pense que le siège (de Marie Garnier) est perdu et qu'il va aller à la droite. Et pour ces gens-là, qui sont minoritaires, autant laisser les Verts y aller seuls afin qu'ils assument la perte de ce siège. Une autre partie du PS, majoritaire et dont je fais partie, est optimiste et pense que c'est risqué, mais que c'est possible de sauver ce siège (avec Valérie Piller Carrard)."
Fabrice Gaudiano/hend