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Comment les moniteurs de camps sont recrutés face au risque d'abus

Affaire de pédophilie: Une vingtaine de fillettes ont été abusées lors de camps de vacances organisés par Caritas.
Affaire de pédophilie: Une vingtaine de fillettes ont été abusées lors de camps de vacances organisés par Caritas. / 19h30 / 2 min. / le 11 janvier 2019
Un moniteur bénévole de Caritas Jeunesse a été mis en prévention à Genève pour des actes d'ordre sexuel avec des enfants, révélait lundi la presse romande. Une affaire qui soulève la question du recrutement de ces moniteurs.

Âgé aujourd'hui de 35 ans, l'homme aurait procédé à des attouchements sur une vingtaine de fillettes de 4 à 11 ans, lors de camps à Genève, mais aussi dans les cantons de Vaud et du Valais, ainsi qu'en France, a révélé lundi la Tribune de Genève. Le moniteur aurait également filmé certains de ces actes sexuels pour les diffuser sur des forums à caractère pédophile.

>> Lire : Un moniteur genevois poursuivi pour avoir abusé sexuellement de fillettes

Du côté de Caritas Jeunesse, l'équipe se dit ébranlée et très attristée par la situation. "Cet homme est parti en camp avec des professionnels de l'éducation et de l'encadrement d'enfants et personne n'a rien vu", explique vendredi au 19h30 Melyssa Magnin, animatrice socio-culturelle chez Caritas Jeunesse. "Il avait probablement des techniques pour passer inaperçu et nous en sommes d'autant plus choqués."

Les séjours de l'organisme, comme ceux d'autres camps de vacances, sont animés par de nombreux bénévoles, recrutés après candidature classique et séances d'information. A l'époque des faits, Caritas Jeunesse rencontrait chaque candidat lors d'un entretien d'une quarantaine de minutes, ajoute Benoît Gros, également animateur chez Caritas Jeunesse.

Une formation pour savoir comment agir face à des soupçons

Avec une vingtaine d'autres institutions, Caritas Jeunesse est membre de la Charte de qualité, groupement genevois pour la qualité dans les organismes de vacances. Cette faîtière a mis en place des recommandations pour l'engagement et la formation des moniteurs.

Parmi les ateliers proposés: celui de l'Espace de soutien et de prévention des abus sexuels (ESPAS), qui offre des outils de sensibilisation à la thématique des abus sur enfants. Le but est de permettre aux encadrants de réfléchir à ce qu'est un contact adéquat et savoir comment réagir en cas de soupçons ou d'abus sexuels avérés.

A Genève, la Charte de qualité recommande désormais qu'au moins un moniteur par équipe ait suivi la formation donnée par ESPAS. Ces cours ayant été mis en place de manière régulière depuis environ trois ans, de nombreux bénévoles ont déjà été sensibilisés à ces questions, explique le groupement.

L'extrait de casier judiciaire, un pare-feu supplémentaire

De son côté, Caritas Jeunesse a décidé d'appliquer la règle d'un moniteur spécifiquement formé par équipe. L'institution suivra également l'autre recommandation de la Charte de qualité et demandera aux nouveaux bénévoles un extrait spécial de leur casier judiciaire. Décidés avant la révélation de l'affaire, ces changements seront en vigueur pour les camps de cet été, précise Benoît Gros.

"Le fait de demander l'extrait spécial du casier judiciaire nous permettra uniquement de détecter les personnes qui ont déjà commis des actes pour lesquels elles auraient été repérées et jugées", nuance l'animateur. "Ce n'est donc pas un pare-feu absolu, mais c'en est un de plus."

Et après recrutement, Caritas Jeunesse continuera d'exiger le respect de consignes de base durant les camps de vacances, notamment la non-mixité nocturne et la gestion des filles par des monitrices et celle des garçons par les moniteurs lors des tâches d'hygiène ou du moment du coucher.

Texte web: Tamara Muncanovic

Reportage TV: Joëlle Rebetez

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"Jamais un moniteur seul avec les enfants"

Philippe Jaffé, psychologue et professeur à l'Université de Genève souligne que "ces dernières années des efforts considérables ont été fait pour renforcer cette prévention".

Pour améliorer l'encadrement des moniteurs, il préconise de "mieux former les moniteurs, avoir des spécialistes dans les équipes, un élément qui pourrait être mis en place, c'est de s'assurer qu'il n'y ait jamais un seul moniteur seul avec les enfants, surtout pendant des moments vulnérables."

L'interview complète de Philippe Jaffé dans le 19h30: