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La mosquée du Petit-Saconnex (GE) affirme lutter contre la radicalisation

Mosquée genevoise du Petit-Saconnex est dans la tourmente. Suite aux meurtres de djihadistes au Maroc, la direction s'exprime.
Mosquée genevoise du Petit-Saconnex est dans la tourmente. Suite aux meurtres de djihadistes au Maroc, la direction s'exprime. / 19h30 / 2 min. / le 14 janvier 2019
Les deux Suisses arrêtés dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de touristes scandinaves au Maroc ont fréquenté la mosquée du Petit-Saconnex (GE). La nouvelle direction du lieu dit avoir pris des mesures pour lutter contre la radicalisation.

Les deux hommes de 25 et 32 ans se sont convertis dans la mosquée genevoise avant de quitter la Suisse. Ils sont suspectés d'être liés à une cellule terroriste de Daech au Maroc, impliquée dans l'affaire des meurtres d'une Norvégienne et d'une Danoise.

>> Lire également : Arrestation au Maroc d'un 2e Suisse soupçonné de s'être radicalisé

Le nouveau directeur de la Fondation culturelle islamique de Genève, Fahad Sefyan, nommé en mars 2018, affirme lutter contre la radicalisation. "Nous avons voulu avoir le contrôle sur toutes les infrastructures. Nous avons notamment décidé de fermer la salle de sport parce qu’il faut que nous soyons sûrs des personnes qui la fréquentent", assure-t-il au micro du 19h30 de la RTS, dans sa première intervention publique.

Autre mesure concrète prise par la nouvelle direction: pour éviter les regroupements, la salle de prière est désormais ouverte uniquement pendant les prêches (elle ouvre 30 minutes avant et referme 30 minutes après).

"Difficile d'avoir une attention totale"

Interrogé lundi dans le 19h30 de la RTS, le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia affirme que le canton n'a pas attendu les meurtres des touristes scandinaves "pour être alerté et attentif à ces situations". "Cette mosquée était clairement problématique entre les années 2011 et 2014. La surveillance n'était pas suffisante."

Ces dernières années, la mosquée du Petit-Saconnex a été au coeur de plusieurs affaires de radicalisation. En 2015, la presse révélait le départ de certains de ses fidèles pour la Syrie, puis le public apprenait que deux imams étaient fichés S en France.

L'élu actuellement en charge de la police révèle qu'entre 30 et 40 personnes sont régulièrement surveillées à Genève. "Les deux suspects étaient suivis. Ils étaient évidemment dans les radars. Chaque fois qu'ils revenaient à Genève, où ils ont de la famille, ils étaient surveillés. Mais il est toujours difficile d'avoir une attention totale", déclare-t-il.

>> L'interview de Mauro Poggia dans le 19h30 :

Mauro Poggia, conseiller d'Etat GE, à propos des cas de radicalisation "Il faut des agents infiltrés et être plus pro-actifs."
Mauro Poggia, conseiller d'Etat GE, à propos des cas de radicalisation "Il faut des agents infiltrés et être plus pro-actifs." / 19h30 / 3 min. / le 14 janvier 2019

Surveillance accrue

"Aujourd’hui, la mosquée de Genève est la plus problématique d’Europe. Il faut absolument que les autorités aient un droit de regard sur la gestion financière et sécuritaire de ce lieu", estime quant à lui le politologue spécialiste du monde arabe Hasni Abidi.

Le nouveau responsable de la mosquée Fahad Sefyan veut faire table rase du passé et jouer un rôle de détection. Il assure que des cas de radicalisation, comme il a pu s’en produire sous l’ancienne direction, ne pourraient plus arriver aujourd’hui. "La direction a mis en place une surveillance des personnes qui, à travers un discours ou une action, peuvent nous alerter", indique-t-il.

Une surveillance qui a déjà porté ses fruits. D’après la mosquée, un homme au comportement jugé suspect aurait été repéré et dénoncé aux autorités cantonales. Contactées par la RTS, ces dernières ne souhaitent pas s'exprimer sur leurs activités opérationnelles.

Flore Amos/gma

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"Aucun financement extérieur"

Des rumeurs assurent que des fonds saoudiens financeraient encore aujourd'hui la mosquée genevoise, après avoir contribué à sa création.

"La fondation ne reçoit aucun financement de l’extérieur. Les dépenses sont financées par un patrimoine immobilier dont nous sommes propriétaires, il s'agit de douze immeubles à Genève", révèle Fahad Sefyan.