Les deux agresseurs de Saint-Jean condamnés à 15 et 12 ans de prison
Le premier accusé, considéré comme le pilier de la bande, a été reconnu coupable d'une double tentative d'assassinat: ce meneur dans l'âme avait asséné des coups à la tête de ses victimes avec une batte de baseball. Il écope de 15 ans de peine privative de liberté.
Le second est reconnu coupable d'une tentative d'assassinat et d'agression: il a pris le risque de tuer l'un des malheureux en lui donnant des coups de pied de type penalty à la tête, alors que celui-ci gisait inerte à terre. Pour l'autre victime, il n'a été condamné que pour agression, car rien ne prouve qu'il l'a frappée. Il fera 12 années de prison ferme et sera expulsé de Suisse pour cinq ans.
Les deux condamnés devront payer plus de 300'000 francs pour tort moral et frais de procédure. Ils seront immédiatement enfermés, sans attendre les recours potentiels; ils comparaissaient libres à leur procès, un bracelet électronique fixé à la cheville.
Le réquisitoire du procureur suivi
Les juges ont suivi dans les grandes lignes le réquisitoire du procureur Dario Nikolic qui avait requis jeudi contre les deux jeunes de 20 ans des peines de 14 ans et demi et 14 ans de prison: il avait aussi demandé au tribunal de retenir la tentative d'assassinat.
Les deux prévenus de 20 ans impliqués dans l'agression sauvage "n'avaient pas l'intention de tuer," ont affirmé vendredi leurs avocats devant le Tribunal criminel: ils plaidaient l'agression. Une sanction leur laissant une lumière d'espoir avait été demandée aux juges.
Rappel des faits
Pour rappel, par une nuit glaciale de janvier 2017, cinq individus – dont deux majeurs au moment des faits – ont violemment agressé à coups de pied, de poing, de batte de baseball et de casque de moto deux trentenaires qui discutaient tranquillement sur les voies couvertes du quartier de Saint-Jean, à Genève. La bande les a laissés pour morts.
Les deux victimes de l'agression – aujourd'hui âgées de 37 et 38 ans – sont désormais très gravement handicapées et le resteront toute leur vie.
L'une d'elles sera en permanence alitée et a perdu définitivement sa capacité de discernement. L'autre subit des crises d'épilepsie violentes et devra sûrement vivre dans un milieu médicalisé pour le restant de ses jours.
Stéphanie Jaquet et l'ats
Deux prévenus sur cinq
La bande d'agresseurs était composée de cinq personnes. La clique n'a été arrêtée que six mois après les faits, grâce à des écoutes téléphoniques.
Avant l'attaque de Saint-Jean, ces jeunes gens avaient déjà commis cinq agressions les mois précédents, "avec une montée en puissance de la violence" d'un délit à l'autre, selon l'acte d'accusation.
Seuls deux de ces jeunes devaient répondre d'une tentative d'assassinat devant le Tribunal criminel. Les trois autres complices étaient mineurs au moment des faits: ils seront jugés séparément par une autre instance judiciaire.
L'un de ces trois mineurs – surnommé "le petit" – est prévenu dans le meurtre par arme blanche d'un homme d'une vingtaine d'années dans le quartier des Charmilles, à Genève, un an après l'agression de Saint-Jean.