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Une vaste affaire de corruption éclabousse la police genevoise

Une voiture portant le logo de la police. [Keystone - Martial Trezzini]
Une affaire de corruption éclabousse la police genevoise / Forum / 2 min. / le 8 avril 2019
Un nombre sans précédent de membres des forces de l'ordre genevoises se retrouvent mouillés dans une affaire de corruption, d'acceptation d'un avantage et de violation du secret de fonction.

L'affaire, ébruitée par le GHI samedi, a pour cadre le très sulfureux quartier des Pâquis, mais elle a débuté en Valais.

Un Genevois, actif depuis une quinzaine d'années dans la prostitution, veut investir dans un projet immobilier valaisan. Il arrive sur place avec un demi-million de francs et veut payer cash. Mais le procédé interpelle les acteurs de la transaction.

L'homme est dénoncé au fisc genevois. L'administration fiscale cantonale constate qu'il ne déclare que 40'000 francs de revenus par an. Le Genevois, âgé d'une quarantaine d'années, est alors arrêté et placé en détention. Il y est d'ailleurs toujours aujourd'hui, selon les informations de la RTS, deux mois après les faits.

Dans son téléphone, les enquêteurs, sans le savoir, ouvrent une véritable boîte de Pandore: ils tombent sur de multiples échanges WhatsApp entre le prévenu et des policiers. Et cela sur près de six ans.

Une messagerie riche d'indices

Dans les archives de la messagerie, les enquêteurs trouvent quantité de photos, vidéos et documents prouvant des comportements problématiques, potentiellement illégaux, des agents. Au moins 20 policiers sont concernés. Des gendarmes du poste des Pâquis, des agents de police municipale et même des membres du groupe prostitution de la police judiciaire.

Selon plusieurs sources concordantes, trois types d’agissements leur sont reprochés. D'une part, certains agents auraient été en affaire avec le proxénète. Ils auraient participé financièrement à la location d'appartements à des prostituées.

D'autres auraient, à l'occasion, joué le rôle de rabateurs de filles pour le compte du prévenu, et cela contre rémunération. Enfin, l'accusé aurait fourni gratuitement du champagne et des filles de joie aux agents dans le cadre de partouzes, dont certaines ont été filmées.

Une enquête menée par l'IGS

L'Inspection générale des services (IGS) est chargée de cette enquête sensible. Elle travaille en lien avec la brigade financière de la police judiciaire dans une ambiance extrêmement tendue. Le procureur général, Olivier Jornot, aurait demandé à ce que tout policier qui parle de cette affaire aux enquêteurs lui soit immédiatement remonté. Un autre événement en dit long sur les ramifications de l'affaire. Un inspecteur fraîchement nommé il y a trois mois à l'IGS a dû quitter la police des polices. Car cet ancien du groupe prostitution se retrouve lui aussi mouillé dans l'histoire.

Raphaël Leroy/ebz

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