Depuis que le Conseil d'Etat genevois a annoncé, fin novembre, vouloir renoncer au développement de son système de vote électronique, l'Office cantonal des systèmes d'information et du numérique (OCSIN) doit faire face à des départs d'employés en cascade.
>> Lire : Le canton de Genève renonce à sa plate-forme de vote électronique
Selon des chiffres fournis à la RTS par la Chancellerie genevoise, deux employés de cet office chargé de la conception et du développement du système de e-voting ont démissionné au 30 avril. C'est près de 20% de l'effectif total de cette structure qui compte 10,5 équivalents plein temps (EPT).
Dans le même temps, l'Etat s'est séparé d'une majorité des travailleurs externes, sous contrat de location de service. Sur les 15 personnes qui avaient été engagées spécifiquement pour la deuxième génération du projet, 10 n'ont pas été reconduites soit deux tiers du total.
Le Département des infrastructures de Serge Dal Busco a confirmé à la RTS que ces 12 départs étaient liés à la décision du gouvernement genevois de renoncer au développement du e-voting d'ici février 2020.
Profil hautement qualifié
Certains de ces développeurs se sont consacrés au vote en ligne à Genève depuis ses débuts en 2001 avec un certain succès, puisque le système a été exporté dans d'autres cantons.
Voir leur projet s'effondrer du jour au lendemain a causé une grande déception, poussant certains à voir ailleurs. Grâce à leur expérience et à leurs profils hautement qualifiés, les démissionnaires n'ont pas eu à chercher longtemps un nouvel emploi.
Postes réattribués à d’autres fins
La Chancellerie genevoise admet que ces profils, dotés de compétences informatiques spécifiques, sont rares sur le marché de l'emploi.
Cette réalité pourrait contrarier la volonté politique actuelle à Genève. Le 17 avril dernier, la commission des droits politiques du Grand Conseil a voté à l'unanimité le principe d'un maintien du vote électronique dans le canton, sous le contrôle exclusif des collectivités publiques.
Mais il n'est pas sûr que relancer la machine sera simple à court terme avec ces départs. D'autant que les deux postes laissés vacants par les développeurs du vote électronique seront désormais dévolus à des tâches sans lien direct avec le domaine.
Arrêter le système, "un gâchis"
Pour Cyril Mizrahi, député socialiste au Grand Conseil genevois et co-auteur du projet de loi pour maintenir le système de vote électronique à Genève, "ce serait un retour en arrière" et "un énorme gâchis" d'abandonner le système, estime-t-il dans Forum. L'e-voting est notamment "nécessaire pour les Suisses de l'étranger ou les personnes avec un handicap."
Selon le député, le système ne doit pas non plus être développé par une entreprise privée en dehors de la Suisse, "ce n'est pas très sain au niveau du droit politique [...] C’est comme si on envoyait faire le décompte des votes à l’étranger."
Raphaël Leroy / ptur