Invité vendredi sur le plateau de La Matinale de la RTS, le PLR genevois Christian Lüscher a déploré le dégât d'image que cette affaire cause à Genève, une situation "très mauvaise pour la crédibilité de notre canton". L'élu confie avoir eu "mal au coeur" en apprenant la nouvelle jeudi soir à son retour de Berne, où il était en session.
"Nous avons, à Genève, l'habitude de nous autoflageller, mais nous n'avons pas la palme de ce genre d'affaires", relativise toutefois l'avocat de profession en citant les problèmes ayant notamment touché Vevey ou Neuchâtel. Le PLR appelle à "garder un certain recul", à ne pas oublier que le suspect bénéficie de la présomption d'innocence et à attendre les conclusions de l'enquête.
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Pas d'annulation pour une dizaine de votes égarés
Avant d'envisager une annulation des votations du 19 mai à Genève, Christian Lüscher veut connaître l'étendue des dégâts. "Si l'on ne retrouve qu'une dizaine de bulletins de vote égarés, et qu'il n'y a pas un système mis en place pour écarter sélectivement des bulletins, je crois que le principe de la proportionnalité, et l'économie également, doit nous conduire à dire que cette votation va très bien se passer".
"Il faut s'assurer que les bulletins de vote soient dans des endroits sécurisés, qu'il y ait des caméras", évoque-t-il entre autres mesures pour restaurer la confiance du peuple. Pour rappel, des bulletins pour le 19 mai auraient été retrouvés dans des sacs destinés à être détruits.
Lien avec le PLR réfuté
Même si la réélection du conseiller d'Etat Pierre Maudet l'an dernier et la nouvelle loi sur la police qu'il avait soutenue en 2015 font partie des scrutins qui pourraient avoir été touchés par la fraude, Christian Lüscher conteste tout lien avec le PLR dans cette affaire. "L'élection de Pierre Maudet était triomphante. Quelques bulletins épars égarés n'auraient eu aucune influence sur cette brillante élection". En revanche, "nous serions face à un véritable problème s'il s'avère que 200, 300 bulletins qui étaient contre la loi sur la police ont été détruits, concède l'élu.
Quelques bulletins épars égarés n'auraient eu aucune influence sur la brillante élection de Pierre Maudet
Jeudi soir dans l'émission Forum de la RTS, le député PS Thomas Wenger se déclarait pour sa part "abasourdi" par les premiers éléments de l'affaire. "La base d'un Etat démocratique, c'est la confiance du citoyen dans son vote et dans le résultat qu'on lui donne", insiste le socialiste. "Je ne peux pas imaginer qu'en Suisse et à Genève, on puisse modifier et manipuler des votes. Moi, j'ai déjà voté. Est-ce que mon bulletin de vote a été mis à la poubelle ou remplacé par un autre?", a renchéri le PDC Bertrand Buchs.
"Il n'y a pas de démocratie sans confiance"
"Cette affaire jette une suspicion sur les votations à venir. Certains pourraient se demander si ça vaut la peine d'aller voter. Elle ajoute une couche de brume dans quelque chose qui n'est pas toujours très clair pour les électeurs", déplore de son côté le PLR Jean Romain, qui souligne "qu'il n'y a pas de démocratie sans confiance".
Inquiets, tous trois s'accordent à dire que le pouvoir judiciaire ne serait pas intervenu sans éléments solides. Mais aucun n'envisage sérieusement une annulation du vote du 19 mai. "Si une loi passe avec 100 voix d'écart, on sera obligé de se poser la question", concède néanmoins Bertrand Buchs.
Retour au vote à l'urne?
"Quel est le système de sécurité qui est mis en place pour le 19 mai prochain?", a questionné pour sa part le chef du groupe UDC au Parlement genevois Christo Ivanov, qui a interpellé le gouvernement. "Si des réponses ne sont pas apportées immédiatement par le Conseil d'Etat en termes de sécurité des processus électoraux, la seule solution serait de retourner au vote à l'urne, dans les locaux de vote, un système beaucoup plus sûr que le vote par correspondance", a proposé de son côté le député d'Ensemble à Gauche Jean Batou, qui pointe du doigt les lacunes sécuritaires de ce dernier système de vote.
"A Berne, il est clair que ça fait un scandale de plus. Bien sûr qu'il y a eu des cas de fraude électorale ailleurs, mais c'est la succession d'affaires genevoises qui décrédibilise l'image de Genève à Berne", regrette le conseiller national Carlo Sommaruga.
Christo Ivanov (UDC):
Jean Batou (Ensemble à Gauche):
Carlo Sommaruga (PS):
Vincent Cherpillod