Une centaine de bulletins et d'enveloppes de vote pour le scrutin du 19 mai ont été retrouvés dans le bureau de l'accusé, révèle vendredi la RTS. Des bulletins de vote déchirés ont également été retrouvés par les enquêteurs dans des sacs destinés à la destruction.
Selon divers témoignages, il y aurait plusieurs dizaines de bulletins par sacs. De plus, les sacs retrouvés par la police genevoise ne seraient pas les premiers à être envoyés à la déchetterie. D'autres, et on ignore combien précisément, auraient déjà été détruits ces derniers jours.
"Ces éléments-là sont évoqués dans la presse, mais aujourd'hui ils ne sont pas portés à connaissance du Conseil d'Etat. Il est usuel dans le bureau du Service des votations d'avoir des bulletins détruits. Quand les citoyens ramènent un bulletin en disant qu'ils se sont trompés, on déchire le bulletin devant eux. Il peut aussi y avoir des bulletins test pour les machines optiques", explique le conseiller d'Etat Antonio Hodgers vendredi dans Forum.
Selon l'élu des Verts, il est donc "normal" et "usuel" d'avoir des sacs contenant des bulletins déchirés. "Ces sacs sont ensuite amenés à une entreprise spécialisée dans la destruction de documents confidentiels. Mais je ne veux pas dire par là qu'il n'y a pas eu de fraude, ça sera au Ministère public de le dire."
Vérification renforcée
A ce stade, impossible de dire s'il y avait une intention de fraude ou s'il s'agissait de simples négligences. L'accusé, qui est présumé innocent, conteste les faits qui lui sont reprochés. Mais il est étrange de retrouver des enveloppes dans le bureau de cet homme puisque les courriers reçus doivent être immédiatement traités.
Dans un scrutin, chaque voix compte, comme Genève l'avait par exemple constaté avec la loi sur la police en 2015, acceptée avec 54 petites voix d'avance. A l'échelle communale aussi, les projets passent ou échouent souvent pour une centaine de voix et soustraire ou modifier ne serait-ce que cent bulletins peut changer le résultat d'une votation.
Ce d'autant plus que les scores s'annoncent serrés le 19 mai à Genève, où les citoyens votent sur le volet cantonal de RFFA et la caisse de prévoyance des fonctionnaires, deux sujets sensibles estimés à plusieurs milliards de francs.
"A ce jour, aucun élément, y compris les éléments évoqués par la presse, n'est de nature à remettre en cause le scrutin du 19 mai. Il est donc maintenu. Nous avons pris depuis jeudi matin des mesures supplémentaires d'appui sur certains éléments. Nous avons aussi renforcé les équipes de vérifications", révèle Antonio Hodgers.
Le résultat sera dans tous les cas problématique, car soumis à la controverse et à la contestation.
Raphaël Leroy/gma