Plusieurs d'entre eux ont adressé le mois dernier une note de service à l'Etat-Major de Police secours. Leurs mots sont forts et à la mesure de l'inquiétude qui règne parmi les forces de l'ordre.
Un poste de Police secours au lieu de trois
Sur deux pages, les policiers dénoncent la restructuration de leur secteur compris entre Lancy-Onex, Plainpalais et Carouge. Auparavant, cette vaste zone comptait trois postes de Police secours. Mais depuis le 1er décembre dernier, elle n'en compte plus qu'un, à Lancy-Onex. Et, disent les agents, les effectifs ont diminué de moitié.
Les policiers expliquent que les urgences s'enchaînent à un rythme effréné et que les affaires en attente s'accumulent à la centrale d'engagement. A tel point qu'ils n'ont plus le temps de transmettre des informations sur les affaires sensibles en cours à leur collègue prenant la relève.
Tout le canton concerné
Les agents affirment ne plus pouvoir assurer correctement la sécurité de la population. Ils parlent d'un "état d'urgence" permanent qui n'est pas sans conséquence, également, sur leur état physique et psychique. C'est Police secours par exemple qui détient en 2018 le record de consultations du service psychosocial de la police.
Cette sous-dotation en effectifs ne touche pas seulement le poste de Lancy-Onex mais tout le canton. Le sujet avait du reste fait l'objet de textes parlementaires en 2017 déjà. Mais la situation semble se péjorer. Depuis le début de l'année 2019, jamais l'effectif minimum de Police secours n'a été atteint durant la nuit, selon les informations de la RTS. La police judiciaire est donc appelée à colmater les brèches nocturnes alors que ce n'est pas sa priorité.
Pas toujours d'intervention en cas d'agression
Cette situation n'est pas près de s'améliorer. D'une part, les réquisitions vont se multiplier durant l'été qui est la saison la plus chargée en interventions. D'autre part, ce n'est plus la police de proximité qui intervient en cas de violence domestique depuis le 1er mai, selon les renseignements de la RTS. Ces violences représentaient près de 3% des infractions commises dans le canton en 2017.
La conséquence est que les policiers n'interviennent parfois même plus lorsqu'ils sont appelés. C'est même régulièrement le cas, si l'on en croit les sources de la RTS. La police tient d'ailleurs des chiffres en la matière. Dans une question écrite du député Vert François Lefort, il est fait mention d'un taux de réquisitions non-assurées par manque de patrouilles de 2,5% l'an dernier avec un pic à 4% en juillet. Une priorisation des interventions est donc opérée en fonction de la gravité des demandes, certaines restant sans suites.
Des situations "potentiellement graves"
Interrogé dans l'émission Forum, le président du syndicat des gendarmes genevois Marc Baudat remarque qu'il y a, de manière générale, "un réel problème d'effectifs opérationnels (...) La réalité, c'est qu'il y a de moins en moins de policiers au service de la population, de moins en moins de policiers qui travaillent le week-end et de moins en moins de policiers qui travaillent la nuit."
Et chaque situation dans laquelle la police ne peut pas intervenir "peut être potentiellement grave", souligne-t-il.
Raphaël Leroy/oang
Nécessité "d'apporter des réponses"
A ce stade, l'état-major ne souhaite pas répondre publiquement à ces critiques, car il vient de recevoir la note.
Le service de presse de la police, de son côté, indique que la direction de Police secours va devoir "prendre en compte tous les éléments relatés dans cette note et y apporter des réponses".