André Schneider était resté silencieux jusqu'ici, alors qu'une enquête pénale a été ouverte contre inconnu suite à des soupçons d'adjudications non-conformes de marchés publics - par Genève Aéroport - à une société de sécurité, et que la Cour des comptes a épinglé la direction générale pour son manque de contrôles.
Mais le directeur, arrivé en 2016, a finalement pris la parole mardi devant près de 400 collaborateurs réunis lors d'une séance extraordinaire.
Justifications peu convaincantes
Et il s'est excusé pas moins de trois fois. Il a multiplié les justifications, sans pour autant se montrer très persuasif. Il a évoqué plusieurs fois le manque de processus formellement établis jusqu'à l'automne dernier en matière d'attributions de marchés publics, pour expliquer les errements pointés du doigt par la Cour des comptes. "J'aurais voulu aller plus vite", a-t-il dit selon un enregistrement que la RTS a pu consulter, comme si le problème ne venait que d'un manque de règles bien établies. André Schneider a admis que des fautes avaient été commises, sans jamais pourtant s'inclure parmi les responsables.
"C'était important de m'excuser pour montrer que j'assume ma responsabilité en tant que directeur général (...) Mon rôle est aussi de veiller, autant que possible, à ce que ce type de situation n'arrive pas", a expliqué André Schneider dans l'émission Forum. Ce dernier précise cependant qu'il n'a pas songé à démissionner, estimant qu'il peut encore continuer à aider au développement de Genève Aéroport.
Excuses aussi au lanceur d'alerte
Le directeur de l'aéroport a aussi fait son examen de conscience à propos du lanceur d'alerte qui avait tenté de questionner les contrats avec Securitas et Custodio. Ce dernier avait été ignoré et même déplacé par la direction générale.
Ce qui s'est passé ici est inadmissible, a concédé André Schneider, confiant d'ailleurs s'être excusé auprès de l'intéressé. Là encore, le patron de l'aéroport a semblé être dans un flou et une incompréhension face à ses propres agissements. Son émotivité a d'ailleurs inquiété un certain nombre d'employés présents.
La présidente de l'aéroport garde le cap
La présidente de Genève Aéroport n'en a pas moins réitéré sa confiance en son directeur général. Corine Moinat l'a répété: elle n'entend pas céder à la pression, qu'elle soit médiatique, politique ou syndicale.
Elle semble d'ailleurs avoir été suivie par son conseil d'administration. Ce dernier a indiqué mercredi après-midi, au terme d'une séance extraordinaire, qu'il maintenait sa confiance envers André Schneider.
"Il est avéré aujourd'hui qu'il y a eu des fautes graves dans le processus d'adjudication", a-t-elle asséné mardi. Mais, visiblement, André Schneider n'en est pas responsable à ses yeux. Au contraire: elle a rappelé les réformes qu'il a menées et ses tentatives de mettre de l'ordre dans les attributions. "Toutes ces réformes ne se font pas en un jour", a-t-elle souligné.
Plateforme pour lanceurs d'alerte
Corine Moinat en a profité pour appeler à l'unité du personnel aéroportuaire. Elle a invité les employés à faire remonter des informations si elles semblent avérées. La présidente a annoncé qu'une plateforme de lanceurs d'alerte était en train d'être mise en place.
Raphaël Leroy/oang