C’est une bombe qui éclate en avril dernier aux Pâquis, le quartier chaud de Genève. Une vingtaine de policiers sont soupçonnés de corruption, de violation du secret de fonction et d’acceptation d’un avantage. En cause: des liens coupables entre ces agents et quelques figures du monde de la nuit, tels les gérants de salon. Les premiers couvriraient les magouilles des seconds; en échange, les policiers auraient un accès gratuit aux filles et toucheraient même des enveloppes. La police des polices démarre une enquête, le scandale est sans précédent.
La République est sous le choc de ces révélations qui pourtant n’en sont pas vraiment… Angelina Tibocha savait, a dénoncé, sans que rien ne se passe.
Résidant depuis deux ans à Medellin, en Colombie, Angelina a fait sa vie aux Pâquis, comme prostituée. Elle a même été présidente du syndicat des travailleuses du sexe. A ce titre, elle n’a eu de cesse de compiler les accusations portées contre les policiers et de les relayer auprès des plus hautes instances du canton. Dans son combat, la Colombienne a été épaulée par Aspasie, l’association de défense des travailleuses du sexe.
Autorités informées depuis 10 ans
Depuis au moins dix ans, les enceintes les plus officielles ont été informées de façon régulière et circonstanciée des allégations d’amitiés sulfureuses entre policiers et gérants de salon. Le Parlement, la Cour des Comptes, le Ministère public, la direction de la police cantonale, tout le monde était au courant. Les accusations ont-elles été vérifiées? Pourquoi personne n’a bougé?
Monica Bonfanti, commandante de la police genevoise, assure avoir pris les mesures nécessaires chaque fois qu’on lui a rapporté les comportements douteux de ses hommes aux Pâquis. Aujourd’hui, elle attend les résultats de l’enquête diligentée par le Procureur général.
Sofia Pekmez/nr