"Pour vous, nos femmes ne font pas grève": à moins d'une semaine de la grève des femmes du 14 juin, ce slogan publicitaire placardé mercredi en ville de Genève a suscité la polémique. En charge de l'affichage, la société Neo Advertising a décidé de recouvrir tous les panneaux concernés, deux jours seulement après leur apparition dans les rues.
L'avocat du salon Venusia, habitué des coups de communication, ne décolère pas contre cette décision: "Si la Ville devait réagir, elle devait le faire avant l'affichage, et pas une fois les 98 affiches posées", s'insurge-t-il. Le salon estime que les affiches retirées ne contrevenaient à aucune loi. "Lorsqu'une décision motivée sera communiquée, on pourra recourir, si on estime que la motivation est insuffisante ou pas la bonne", annonce-t-il encore.
Une publicité d'abord jugée conforme
Jusqu'à récemment, une commission de la Ville jugeait de la conformité des affichages publicitaires. Aujourd'hui, cependant, cette appréciation a été transférée à l'entreprise en charge de l'affichage.
Dans l'affaire du Venusia, la publicité a d'abord été jugée conforme. Une fois les affiches placardées, des réserves ont été émises auprès de Christian Vaglio-Giors, le directeur de Neo Advertising. Il lui a alors été conseillé de s'adresser au conseiller administratif Rémy Pagani, rodé à ces procédures. "Après discussion avec Monsieur Pagani, nous avons eu des doutes quant à sa conformité. Étant donné l'actualité et le climat politique, nous avons pris la décision de les recouvrir. Peut-être à tort, je le concède, mais nous avons agi de manière préventive", a expliqué le directeur dans le 19h30 de la RTS.
"Une atteinte au droit de grève des femmes"
De son côté, le conseiller administratif de la Ville Rémy Pagani rappelle que cette décision de retrait des affiches a été prise par l'entreprise Neo Advertising. Il se défend de toute censure: "C'est une atteinte au droit de grève et c'est une atteinte aux femmes. Quand on dit 'nos femmes', c'est considérer que cette entreprise a comme principal outil de travail le corps des femmes, c'est inadmissible. J'assume totalement cette affaire politique, mais pas le fait d'avoir agi comme censeur".
L'afficheur, lui, réclame des règles plus précises en matière d'affichage. En attendant, les frais de la campagne publicitaire du salon érotique vont être remboursés.
Céline Tran-Tien/vic