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Le nombre de dossiers de Pierre Maudet divisé par 15 depuis février

Un an après le voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi, que devient le ministre PLR privé de la majorité de des dossiers ?
Un an après le voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi, que devient le ministre PLR privé de la majorité de des dossiers ? / 19h30 / 2 min. / le 21 juin 2019
Privé de la majorité de ses offices en début d'année, le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet a vu le nombre de ses dossiers devant le Grand Conseil tomber en chute libre par rapport à la législature précédente, selon une analyse de la RTS.

Que fait Pierre Maudet depuis cinq mois? Auparavant hyperactif et grand communicant, le ministre a disparu du devant de la scène après la réorganisation du Conseil d'Etat genevois annoncée fin janvier.

Celle-ci n'a laissé que des miettes au conseiller d'Etat, poursuivi en justice pour acceptation d'un avantage. Le 1er février, il a définitivement perdu la Présidence, mais aussi la Sécurité, la surveillance des communes et les offices des poursuites et faillites. Au final, le magistrat PLR n'a conservé que le développement économique, la recherche et l'innovation.

De 9 à... 0,6

Pour mesurer son activité actuelle, la RTS a compté le nombre de dossiers - toutes affaires confondues (projets de lois, motions, rapports, etc.) - qui concernaient le département de Pierre Maudet lors des sessions du Grand Conseil.

Résultat: leur nombre a été divisé par 15 par rapport à la législature précédente. En moyenne, 9 affaires courantes par session étaient du ressort du département de Pierre Maudet entre 2014 et 2018. Depuis la réorganisation de février, ce chiffre est tombé à 0,6.

C'est aussi beaucoup moins que ses collègues du Conseil d'Etat. Le nombre d'affaires au Grand Conseil par ministre oscille en moyenne entre 4 et 17 par session depuis la réorganisation.

Trois dossiers en cinq mois

Seuls trois objets traités par les députés genevois depuis février, soit cinq sessions, ont concerné le département de Pierre Maudet. Il s'agit d'un rapport concernant la Fondation Genève Tourisme, d'un projet de loi accordant des indemnités à des organismes de promotion des entreprises et d'une modification de la loi sur le tourisme.

Les prises de parole de Pierre Maudet au Grand Conseil illustrent également son activité. Depuis la réorganisation de février, il n'y en a eu... aucune. Sur la même période, on dénombre chez les autres conseillers d'Etat entre 2 et 27 interventions devant les députés.

Déséquilibre au sein du Conseil d'Etat

Interrogé par le 19h30 de la RTS, Pierre Maudet n'a pas souhaité commenter ces chiffres. A propos de son emploi du temps, le magistrat met en avant ses rencontres avec les acteurs de la place économique genevoise.

"Il a dû prendre du retrait, il n'intervient plus trop", constate Serge Hiltpold, député PLR et membre de la commission de l'économie et entrepreneur, qui ajoute que Pierre Maudet "fait son travail. D'ailleurs, il le fait peut-être même mieux qu'avant parce qu'il y consacre tout son temps".

Mais Serge Hiltpold déplore un grave déséquilibre de charge de travail au sein du Conseil d'Etat en raison du "report de travail qui est fait sur les autres". "Cette réorganisation impacte le planning ou les projets. On est plus dans la gestion d'affaires courantes que dans une vision à plus long terme", regrette le député.

Davantage de dossiers pour les autres ministres

Le report de la charge de travail se constate dans les affaires courantes du Grand Conseil. Les six autres conseillers d'Etat ont vu leur nombre de dossiers devant les députés augmenter.

La plus forte hausse touche le département de Mauro Poggia, qui a récupéré la Sécurité. Le nombre de ses affaires a doublé, passant en moyenne d'un peu plus de quatre dossiers par session avant février à près de dix après la réorganisation.

"C'est plus dur, mais nous avons les épaules assez solides"

Cette situation est-elle viable à long terme? Le président du Conseil d'Etat, Antonio Hodgers, reconnaît que la charge de travail a augmenté: "Evidemment, on porte plutôt à six ce qui devrait être porté à sept (...). Ça fait beaucoup pour moi, comme pour Monsieur Poggia. C'est ainsi, on assume."

En revanche, le ministre réfute que la réorganisation affecte les projets du gouvernement. "Dans le fond, les lois sortent, l'Etat fonctionne, les prestations à la population sont données (...). Je pense que c'est plus dur, mais finalement nous avons les épaules assez solides pour aller de l'avant".

Valentin Tombez et Flore Amos

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